Notes de lecture

Poésie Proses

POÉSIE

Enquête sur la critique ► Le pourquoi du comment ► Poezibao

Les poètes qui ne nous touchent pas, les maladroits, les complaisants, les prétentieux, les rusés, les attardés qui labourent de vieux sillons, les alouettes qui se prennent aux miroirs du temps, laissons-les vivre en paix...

Action Poétique ► L'Intégrale - Dernier numéro - 2012 ► Secousse n°7

Action Poétique aura été, depuis, de tous les débats qui ont agité la secte poétique, et au-delà, n’hésitant pas, dans la première moitié de son existence, à se mêler sous sa bannière aux mouvements de la société...

Claude Adelen ► Légendaires - Flammarion, 2009 ► Faites entrer l'infini n°52

La poésie s’accommode d’un peu de recul, comme le prouve cette anthologie (...) qui traverse 40 ans d’écriture et qui permet donc de mesurer la place singulière occupée par Claude Adelen dans la poésie de notre temps. On sait qu’il en est l’un des meilleurs connaisseurs...

Claude Adelen ► Ode au vent tardif - Le Castor Astral, 2024 ► Diacritik

...Il faut dire encore la remarquable sûreté de la langue, sa beauté, sa splendeur quelquefois. Ces vers, qui sont tout rythme et harmonie, sont évidemment écrits pour la voix. « …qui oserait / encore / aujourd’hui / chanter ? » se demande l’auteur en feignant (on l’espère) de dire adieu à la poésie. Mais ce qu’on appelle le chant lui est consubstantiel...

Auxeméry ► Failles/traces - Flammarion, 2017 ► Poezibao

Bien que mal démêlé, et compliqué par un jeu d’incrustations en italiques, ce dialogue à distance entre le jeune et l’actuel Auxeméry, entre la vive appréhension du monde de l’un (...) et la réflexion désabusée de l’autre, est l’un des aspects les plus frappants du livre....

Jean-Pierre Balpe ► Un livre infini - sur la machine de Balpe ► Remue.net

Il y a un peu d’inconscience, ou de malignité, en pleine rentrée littéraire, à vouloir attirer l’attention sur un auteur sans actualité, et même quasiment sans œuvre – si l’on entend par ce mot une collection d’ouvrages imprimés fruits d’un labeur d’écriture...

Marie-Claire Bancquart ► Violente vie - Le Castor Astral, 2012 ► Secousse n°7

Corps ténébreux, autonome, dont jamais le mouvement ne cesse, avec son sang qui bat sourdement et ses viscères qui travaillent en secret. Les mots l’éprouvent, mesurent la vie qui s’y poursuit aveuglément, et la mort qui y nage, un peu plus persuasive chaque jour...

Marie-Claire Bancquart ► Qui vient de loin - Le Castor Astral, 2016 ► Secousse n°19

...on pense parfois aux anciens moralistes : c'est un livre de sagesse, les vérités les plus ingrates appréhendées à l’aide d’une langue qui fuit tout éclat, d’une sévérité presque romaine, et qui jamais ne dédaigne la raison...

Marie-Claire Bancquart ► Les aventures terrestres de Marie-Claire Bancquart - sur son œuvre ► Europe n°1142-1144

La Littérature, comme l’Histoire, est un vaste album d’images. Aussi variée que soit leur œuvre, aussi tourmentée qu’ait été leur vie, la plupart des écrivains, se réduisent bientôt à quelques vignettes qui surgissent à l’esprit lorsqu’on entend leur nom...

Olivier Barbarant ► Séculaires - Gallimard, 2022 ► Poesibao

...Ces pages séculaires, parfois ouvertement politiques, arrachent le siècle à « l’intime mémoire » où il s’est inscrit, en particulier dans une longue Complainte à la charnière des temps où, à la façon des sondages faits de loin en loin dans un massif géologique, Barbarant restitue quarante ans au moyen d’autant de courts poèmes ...

Mathieu Bénézet ► Œuvre 1968-2010 - Flammarion, 2012 ► Secousse n°9

L’élégie est la vraie manière de Mathieu Bénézet, il y cède ou s’y refuse selon le moment, ou plutôt lui donne forme et la nie dans le même temps : c’est un chant souvent heurté, qui vit de sa propre émission, où l’effusion s’étrangle aussitôt formulée...

Mathieu Bénézet ► Premier crayon - Flammarion, 2014 ► Secousse n°14

Traverser la nuit, aller jusqu’au matin, noter quelques vers, tenir à distance le monstre tapi en soi qui a pour nom Douleur, s’accrocher aux souvenirs qui remontent par le trou du temps, se voir parfois presque étranger à qui s’écrit, renoncer parfois au sens...

Sereine Berlottier ► Au bord - Lanskine, 2017 ► Secousse n°23

...que confronté à l'irrémédiable, on n’en peut presque rien dire ; que son évidence offusque le jugement et mine la parole ; qu’une quasi-aphasie est la seule réponse naturelle à l'épreuve ; qu’il faut mettre celle-ci à distance pour l’appréhender, ce que, paradoxalement, permet le deuil ; et que la poésie, comme le deuil lui-même, est un travail de la mémoire...

Patrick Beurard-Valdoye ► Gadjo-Migrandt - Flammarion, 2014 ► Secousse n°13

Bien rares aujourd’hui les poètes qui se frottent à une réalité plus vaste que leur propre histoire, qui osent peindre le monde et affronter les évènements qui l’ont façonné. On en voit tout de même quelques uns, de temps à autre, avec des fortunes diverses...

Flora Bonfanti ► Lieux exemplaires - Unes, 2018 ► Poezibao

...l’auteure part d’un axiome qui n’est qu’une métaphore (...), qu’elle développe avec une grande rigueur, au moyen de la logique et de l’analogie, en une suite de déductions qui imaginent un monde cohérent avec ces prémices, leur donnant ainsi corps et vérité...

Yves Bonnefoy ► Ensemble encore - Le Mercure de France, 2016 ► Secousse n°20

...Ces dialogues forment de courts exempla (…), elliptiques, dénués de toute leçon, illuminés de loin en loin par un éclat de folie (« Pas une tortue ? Avec ces ailes ? ») – le théâtre de poche d’un Beckett qui aurait bu le lait des Anciens puis sucé le sein des sorcières...

Yves Boudier ► Vanités Carré Misère - L'Act Mem, 2009 ► Secousse n°3

Voilà un livre que j’aurais aimé écrire. Que j’écrirai peut-être. L’hypothèse du livre est que « ces hommes et ces femmes que nous laissons mourir à nos pieds sont les Vanités d’aujourd’hui. Elles nous somment de conjurer la mort pour consentir à nos vies mercenaires »...

Jean-Claude Caër ► En route pour Haida Gwaii - Obsidiane, 2011 ► Europe n°996

Le voyage est un abandon, il entraîne vers l’oubli de soi, on pourrait céder à l’envoûtement de ce monde flottant, se perdre dans l’immense pays, disparaître. Même si c’est douloureux, car on vient de si loin, même sans avoir atteint son but, on a le devoir de retourner...

Benoît Casas ► Combine - Nous, 2023 ► Poesibao

...il n’y a pas une page sans une image qui flatte l’imagination ou suscite en soi un long écho, ou une pensée piquante, ou simplement juste. Tout ceci apparemment en se confiant à la vitesse ; ce sont des poèmes blitz, mais écrits au pas de montagne afin d’éprouver chaque mot...

Bernard Chambaz ► Et - Flammarion, 2020 ► En attendant Nadeau n°99

Ce recueil est assombri par la mort d’un cousin, brusquement enlevé par l’Ange fatal, et par un retour sur celle de Mathieu Bénézet, dont l’auteur fut proche. Lisant ces pages d’un poète qu’on aime depuis longtemps, on ne peut se déprendre d’une impression de lent crépuscule…

Ivar Ch'Vavar ► La vache entropie - Lurlure, 2018 ► Poezibao

S’il fallait apparier les poètes, comme on le fait des étoiles, Ivar Ch’Vavar rejoindrait une constellation où figureraient Pascal Commère et Eugène Savitzkaya (...), qui dessineraient ensemble quelque monstre fabuleux – une vache, peut-être…

Henri Cole ► Terre médiane - Le Bruit du temps, 2011 ► Secousse n°5

Henri Cole, qui est né au Japon, y retourne à la mort de son père et s’y fond dans la nature au pied des collines du nord de Kyoto. Celui qui, adolescent, avait vécu dans une cabane aménagée dans un arbre pour échapper aux déchirements familiaux...

Francis Combes ► L'Aubépine - Le préau des collines, 2011 ► Faites entrer l'infini n°53

Qu’une secte furieuse et pudibonde – il en existe – s’avise de brûler tous les poèmes d’amour, nos bibliothèques seraient bientôt aux trois-quarts vides. Rien qui ait autant inspiré le stylet, la plume, le clavier. On a célébré l’amour dans tous ses états...

Pascal Commère ► Aumailles - Les Découvreurs, 2016 ► Poezibao

...ce geste qui lui est familier : agripper les graminées du bord du chemin, en faire monter les graines entre les doigts, belle métaphore du geste de l’écriture : les mots sont mal séparés des choses qu’ils désignent, elles les portent comme l’herbe le toupet des graines à son sommet...

Patricia Cottron-Daubigné ► Femme broussaille - Les Lieux-Dits, 2020 ► Terres de Femmes

Étrangement, l’autrice prend la voix de l’amant (« ô chère… ») pour louer le coffret secret, l’œil buissonnant qui troue l’image et qu’on ne peut mettre en mots qu’en le niant. La poésie n’est pas une table à dissection ; on ne peut pas dire l’anatomie crûment : une métaphore y pourvoit...

Guillaume Decourt ► Les heures grecques - Lanskine, 2015 ► Secousse n°17

Ce sont des poèmes volés au quotidien, celui d’un jeune homme oisif installé en Grèce par amour et qui semble occuper son temps à jouir de l’instant : « J’ai la paresse dans les fondements »...

Guillaume Decourt ► Lundi propre - La Table ronde, 2023 ► Terres de Femmes

...la fantaisie, le ton aigre-doux, l’autodérision [...], un enjouement un peu âpre, mais dont l’âpreté se dissipe aussitôt, m’ont surtout fait penser aux petits maîtres de l’avant-guerre, celle de 14, les Levet, les Toulet, les Laforgue – petits non par le talent, mais par le volume de l’œuvre...

Jean-Michel Delambre ► L'Eldorado de la Méduse - Henry, 2012 ► Préface au Prix des Trouvères

...je ne crois pas qu’on puisse lâcher le livre : on est retenu par cette voix qui dit l’espoir et la détresse d’hommes jetés en contrebande sur les routes par la guerre ou la misère, livrés aux déserts, aux tempêtes, aux passeurs, et qui trouvent parfois en chemin leur destin...

Philippe Delaveau ► Ce que disent les vents - Gallimard, 2011 ► Secousse n°6

On peut être insensible – c’est mon cas – à toute « traque de l’éternel », ne pas éprouver le souci d’une vérité supérieure affleurant sous l’apparence, et néanmoins trouver ici son bien. Car la poésie de Philippe Delaveau ne se laisse pas enfermer dans la rhétorique du sacré...

Henri Deluy ► Imprévisible passé - Le Temps des Cerises, 2012 ► Secousse n°11

...agencée à la diable, comme si l’auteur feuilletait ses carnets au hasard ou suivait les caprices de sa mémoire, désordre temporel qui, s’ajoutant à la dispersion des thèmes ‒ au goût des poivrons séchés succède le Potemkine, aux élégantes de Saint-Pétersbourg la Maison de l’Amitié ‒, contribue à l’impression de dissolution de l’Histoire qui imprègne le livre...

Charles Dobzynski ► Ma mère, etc., roman - Orizon, 2014 ► Secousse n°13

...plus que le roman intimiste que laisse avec humour supposer le titre, ce livre d’une vie est d’abord une traversée du XXe siècle. Charles Dobzynski a écrit là son roman inachevé – le déchirement rétrospectif d’Aragon en moins...

Ariane Dreyfus ► Sophie ou la vie élastique - Le Castor Astral, 2020 ► En attendant Nadeau

À la lecture du précédent recueil d’Ariane Dreyfus, Le dernier livre des enfants (Flammarion, 2016), je notais ceci : « On aimerait qu’elle écrive une suite continue, un roman en vers. » C’est chose faite avec cette Sophie, un autre livre des enfants puisqu’il s’inspire des minces aventures de l’héroïne de la comtesse de Ségur...

Ariane Dreyfus ► Nous nous attendons - Poésie/Gallimard, 2023 ► Poesibao

...elle découpe dans le réel une image étroite, nette, dénuée de perspective, arrachée au temps : le jeu des causes et des effets est suspendu ; le principe de fixité l’emporte sur celui de mouvement ; et le plaisir de lecture est presque constant...

Jean-Pascal Dubost ► & leçons & coutures II - Isabelle Sauvage, 2017 ► Terres de Femmes

L’auteur est un lexicolâtre et un logophile ; son esthétique est proche de celle de Rabelais ; il joue sur l’excès, l’accumulation, la distorsion, les allitérations, jongleries, exclamations, etc. – tout ce qui fait que les mots rythmiquement insinués dans l’oreille provoquent un plaisir quasi charnel...

Chantal Dupuy-Dunier ► Mille grues de papier - Flammarion, 2013 ► Secousse n°11

Sadako a plié 644 grues. Les doigts lui font mal. Une grande aile passe devant ses yeux. Elle se tourne vers le mur. De notre vie, il ne restera rien : « Un petit tas de plumes blanches / et des vers ». Les derniers du livre.

Chantal Dupuy-Dunier ► Parenthèses - Henry, 2024 ► Terres de Femmes

Nous sommes chez Lucrèce. Il n’y a pas, dans cette opération de deuil, la moindre transcendance – pour autant que quelques images figées, des émotions presque aveugles, des paroles du passé qui subsistent en nous, ou qui font résurgence dans l’écriture, ne relèvent pas d’une sorte de transcendance à usage personnel...

Antoine Emaz ► Limite - Tarabuste, 2016 ► Secousse n°21

...Dans ce combat qui paraît sans issue, les mots seuls donnent encore le sentiment de vivre, même si la langue elle aussi semble avoir vieilli, même si « on ne croit plus qu’il y a la mer / au bout du coquillage »...

Antoine Emaz ► L'ombre jaune - Un souvenir ► Poezibao

...Nous avons un instant comparé nos souvenirs de L’Ombre jaune et de L’homme aux dents d’or, aussi impliqués, aussi animés que si nous parlions de Reverdy ou de du Bouchet, comme nous l’avions fait peu de temps auparavant...

Marie Étienne ► Haute Lice - Corti, 2011 ► Secousse n°12

Autobiographie donc, mais partielle, capricieuse, hantée d’images tour à tour transparentes et voilées, transmuée par une puissante alchimie ‒ si l’intime est le lieu de l’écriture, il n’en est pas le moteur : ces pages doivent autant à l’énergie propre des mots qu’aux souvenirs...

Marie Étienne ► Le Livre des recels - Flammarion, 2011 ► Poezibao

...Ceux qui, trop jeunes, n’ont pas pu les connaître, ceux à qui elles avaient mystérieusement échappées, découvriront ici d’importants extraits des Lettres d’Idumée (Seghers, 1982), l’un des livres de poésie marquants de la fin du siècle...

Étienne Faure ► Ciné-plage - Champ Vallon, 2015 ► Secousse n°18

...Et règne dans ses pages une ironie légère, un peu détachée, jamais venimeuse, quelquefois impalpable, à l’image du « souffle elliptique d’un bandonéon » évoqué dans un nostalgique tango bas-normand...

Étienne Faure ► Vol en V - Gallimard, 2022 ► En attendant Nadeau

La poésie, pour Étienne Faure, est d’abord une opération d’incarnation. S’il est à lui-même son principal objet (chaque recueil est une collection d’ego-portraits), ses poèmes sont loin de se réduire à la matière intime....

Jean-Louis Giovannoni ► Sous le seuil - Unes, 2016 ► Secousse n°20

...cette plongée dans le microcosme est fascinante – ce qui prouve à nouveau que le monde naturel est tout aussi passionnant, pour qui sait regarder, que le Sturm und Drang des aventures humaines...

Alain Guillard ► Quête du nom - L'Amourier, 2016 ► Terres de femmes

...Alain Guillard nous donne là un livre grave, sombre, empreint d’un sentiment qu’on pourrait dire saturnien tant il semble sans remède, qu’on sent profondément vrai, dénué d’ostentation, une souffrance ancienne qu’il prend et reprend pour tenter de lui donner forme dans la langue...

Cécile Guivarch ► Vous êtes mes aïeuls - Henry, 2013 ► Terres de femmes

...ce sont eux, écrit-elle, qui souffrent et enfantent dans chaque parturiente : « dans chaque naissance / ce sont vos cris que l’on ressent » ; les chairs nouvelles émergent « du profond de vos entrailles ». Les morts nous mettent au monde. Par nous renaissent leurs mots pétrifiés.

Geneviève Huttin ► Une petite lettre à votre mère - Le préau des collines, 2014 ► Secousse n°16

C’est à penser cet impossible que Geneviève Huttin s’attache aussi, évoquant son père au moyen de quelques débris réchappés, souvent dérisoires, une photo d’identité, une carte postale écrite de sa main où sa fille reconnaît sa propre écriture d’enfant... ..

Philippe Jaccottet ► Taches de soleil, et d'ombre - Le Bruit du Temps, 2013 ► Secousse n°10

Combien de pages, dans l’œuvre de Philippe Jaccottet (...) pour saisir l’instant fuyant de l’aube ou du crépuscule où ombre et lumière se mêlent, combien de peintures d’un motif – ce sont ses Nymphéas, son Bois de pins – qui mieux que tout autre définit son écriture...

Philippe Jaccottet ► Ponges, pâturages, prairies - Le Bruit du Temps, 2015 ► Secousse n°17

...entre ce lieu de correspondances secrètes qui porte aux rêveries de l’intangible et le matérialisme ombrageux de Ponge, qui se dressait « avec colère, contre l’invisible », il y a un tel écart, une telle tension, accrue par la rigueur des circonstances, que le texte semble naître d’un jet, comme un éclair entre deux électrodes...

Constantin Kaïtéris ► Trois villes des commencements - Les arêtes, 2015 ► Secousse n°19

Alexandrie est un « palimpseste », s’égarer dans la ville c’est se perdre dans le temps. Cette cité à la présence inquiète, douçâtre, rendue en de courts croquis mélancoliques, semble inhabitée, hantée seulement par les chats et les fantômes, ceux du passé et ceux d’aujourd’hui...

Paol Keineg ► Mauvaises langues - Obsidiane, 2014 ► Terres de femmes

La poésie de Paol Keineg ne vise pas à enchanter le monde mais, bien au contraire, à le désenchanter ‒ à nommer les choses dans leur vérité, à les inscrire dans le mouvement historique (« répondre à l’espoir que font naître / Les choses sans importance »)...

Paol Keineg ► DES PROSES qui manquent d'élévation - Obsidiane, 2018 ► Revue de belles-lettres, 2018-2

...Cette activité suspecte, vaguement outrancière, irritante dans sa sourde prétention au sacré et dérisoire dans son incapacité à changer quoi de que ce soit du monde, cette activité inutile et pourtant merveilleuse, il veut la pratiquer « sans élévation », en poésie comme en prose...

Paol Keineg ► Johnny Onion descend de son vélo - Les Grands Fonds, 2019 ► Poezibao

...Johnny Onion, le héros, est une sorte de Socrate chagrin qui fait de tout, du vif hier comme du triste aujourd’hui, des routes avalées sous la pluie aux adolescentes mystérieuses d’un théâtre de verdure, la matière de petits contes philosophiques ou moraux...

Jérôme Leroy ► et des dizaines d'étés dorés - La Table ronde, 2024 ► Poesibao

...[Sa voix] se noue au présent, mais elle vient de loin (...) et, en nous ramenant incessamment au temps de nos premières émotions, celles qu’on n’oublie jamais, sur quoi l’on bâtit toute une vie, elle touche au plus sensible...

Sophie Loizeau ► Caudal - Flammarion, 2013
► le roman de Diane - Rehauts, 2013 ► Secousse n°10

...plutôt que Diane, sa proie, une proie qui jouit de ce qui la menace (...) ; et Suzanne aussi bien, elle qui répète en plein air, face à la forêt, la scène du bain, suscitant et chassant à volonté l’ombre d’un voyeur – le lecteur peut-être...

Sophie Loizeau ► Les loups - Corti, 2019 ► En attendant Nadeau n°90

...Surtout, qu’elle s’éprouve montagne, arbre ou grand-duc (...), l’apprentie solitaire reste en proie à elle-même, au passé, au chagrin et au doute. D’ordinaire assez discrète, en dépit d’apparentes confidences (voire impudeurs), Sophie Loizeau se livre ici comme jamais...

Christophe Manon ► Vie & opinions de Gottfried Gröll - Dernier Télégramme, 2010 ► Poezibao

...On l’a compris, on lit ces Vie & opinions de Gottfried Gröll avec un plaisir constant et (chose rare) presque enfantin, soutenu par un humour plus extravagant que drolatique : Gröll est le fils de Faustroll, son registre est le pince-sans-rire...

Sophie Martin ► Classés sans suite - Flammarion, 2020 ► Poezibao

...Mais cela nous vaut ce recueil étrange où la poésie semble mal dégagée de la prose, comme ces corps abandonnés par le burin et restés à moitié prisonniers du bloc de marbre. Ce qui est loin d’être sans charme.

Jean-Paul Michel ► Je ne voudrais rien qui mente... - Flammarion, 2010 ► Secousse n°4

C’est l’un de ces livres, peu nombreux, et dont on avait presque pu croire l’espèce disparue, que l’on voudrait s’approprier comme autrefois : y glaner de quoi apprendre par coeur, le posséder à voix haute pour mieux le faire exister – et pour mieux exister soi-même...

Jean-Paul Michel ► Écrits sur la poésie - Flammarion, 2013 ► Nu(e) n°56

Ce qui frappe tout de suite, c’est la profonde inactualité de ces pages. Qui d’autre aurait osé écrire, il y a trente ans, que l’art visait à « produire du sens et de l’éclat » ? Qui l’oserait aujourd’hui ? L’homme se tient en retrait, loin de l’agitation du milieu, et le poète, fermement, à l’écart des modes....

Hervé Micolet ► Les Cavales, I - La rumeur libre, 2023 ► Remue.net

...D’une écriture tenue, mais d’une très grande liberté, inscrit dans un temps long, tirant sa substance des mythes de l’Antiquité mais ancré dans notre monde, à la fois thrène, chant, discours, élégie, débat du deuil maternel, louange de la nature et nostalgie de l’amour, ce recueil foisonnant est un nonpareil...

Hervé Micolet ► Les Cavales, I - La rumeur libre, 2023 ► Remue.net

...Chemin faisant, Micolet extravague, il emprunte toutes les traverses qui jaillissent sous ses pas, s’abandonne à toutes les sollicitations de son imagination, qui est prodigue. Son poème est ainsi tramé d’une multitude de scènes, empruntées aussi bien au réel qu’à la fable, et incrusté de miniatures vives...

Marcel Migozzi ► Des heures froides - L'Amourier, 2014 ► Zone sensible n°3

...un lexique sobre et précis, une grammaire sèche, une prosodie qui ménage ses effets. Une langue concise, presque blanche, qui, plus qu’un excès d’images, rend sensible la douleur et l’inéluctable. Oui, dans cette manière claire, l’évidence d’une écriture épousant son objet.

Emmanuel Moses ► Ivresse - Al Manar, 2016 ► Terres de Femmes

...Ce livre, tout de nerfs et d’humeur, dépourvu de la moindre lourdeur, on s’en veut d’en parler en faisant jouer les ressorts de la machine pensante. Il le faut pourtant, car s’il y a une unité dans ce livre, ce n’est pas la figure de Protée de l’auteur qui la lui donne, mais la forme des poèmes...

Emmanuel Moses ► Quatuor - Le Bruit du temps, 2020
► Dona - Obsidiane, 2020 ► Poezibao

...Rien de didactique dans cette méditation, qui est enracinée dans le réel. Tout la sollicite, tout lui est adressé, tout être de rencontre cache « un Hermès de fortune ». La pensée erre, capricante, saisissant la circonstance pour se déployer...

Franc Nichele ► L'été sans fin - Le Castor Astral, 2014 ► Secousse n°14

Ce recueil est, pour le lecteur, une expérience dont il sort troublé. L’amateur de poésie aura pris plaisir aux croquis du voyageur ; le curieux de fiction se sera plu au dispositif du livre ; mais on peut héberger un aigre janséniste...

Bernard Noël ► sur son œuvre et sur Le Reste du voyage - P.O.L., 1997 ► L'Amourier

Si j’en crois ma bibliothèque, j’ai lu assez assidûment Bernard Noël dans les années 70 de l’autre siècle, en particulier ces extraits du corps dont la singularité fut aussitôt saluée : une poésie qu’on pourrait dire matérialiste...

Gérard Noiret ► En passant - Obsidiane, 2019 ► Poezibao

...Les acteurs de ce théâtre de poche, le plus souvent anonymes (même si, au détour d’un vers, on entrevoit John Lennon ou Maurice Nadeau), sont fixés avec une légère distance, une sorte de sympathie clinique – celle qu’on devrait avoir avec soi-même...

Gérard Noiret ► Rue Chair et Foins - Tarabuste, 2022 ► Terres de Femmes

... …chaque poème est un petit monde… tu procèdes souvent au rapprochement de réalités à priori éloignées, entre lequel le poème fait passer un courant rapide, comme entre les pôles d’une bouteille de Leyde...

Pierre Ouellet ► Talisman - Éditions du Noroît, 2016 ► Secousse n°21

...On écoute avec étonnement cette parole chamanique, on parcourt en titubant ce monde enfanté par le souffle, en perpétuelle transformation, où poésie et religion ne sont pas séparées. Le peyotl fait battre le sang, le maïs pousse comme un enfant...

Muriel Pic ► Élégies documentaires - Éditions Macula, 2016 ► Terres de Femmes

...Muriel Pic arrache ses poèmes à la poussière des archives (textes historiques, scientifiques, littéraires, cartes, photographies), mais elle ne s’efface pas derrière ces documents : elle les interprète, dans un acte qu’elle qualifie en postface de divination...

Jean Prévost ► L'amateur de poèmes - sur l'œuvre de Jean Prévost ► Europe n° 1082

...La grande originalité de Prévost est son attention à la matière du poème. Il ne se contente pas de regarder l’œuvre de l’extérieur ; il met les mains dans la machine ; il essaie de démonter le moteur poétique pour « voir comment cela fut fait »...

Fabienne Raphoz ► Blanche baleine - Héros-Limite, 2017 ► Secousse n°22

...Blanche baleine, le nouveau recueil de Fabienne Raphoz, se situe dans la continuité du précédent, sinon par son écriture, du moins par ses thèmes, une appropriation de la nature et de ses créatures, (...) – Fabienne Raphoz est une lointaine filleule du grand Buffon.....

Lionel Ray ► Lettres imaginaires - Les Écrits du Nord / Éditions Henry, 2010
► Entre nuit et soleil - Gallimard, 2010 ► Secousse n°2

On sait que Lionel Ray commença à publier sous son nom d’état civil, Robert Lorho, avant d’adopter en 1971, pour Les métamorphoses du biographe, le pseudonyme sous lequel il a depuis édifié son œuvre. En 2001, dans un entretien avec Claude Adelen...

Lionel Ray ► De ciel et d'ombre - Al Manar, 2014 ► Secousse n°15

Ces « fêtes fragiles » sont mues par un ressort secret, le plus souvent non nommé, peut-être même aveugle à l’auteur. Leur charme, en particulier pour les proses, tient à ce pouvoir d’évocation presque inconscient : énigmes sensibles qui n’appellent pas d’élucidation...

Jacques Réda ► Leçons de l'arbre et du vent - Gallimard, 2023 ► En attendant Nadeau

On déchante assez vite ; ce recueil est écrit dans le sillage des précédents, dont l’auteur reprend la formule en l’appliquant non pas aux arbres (...) mais à l’Arbre, comme l’écrit Réda, cette entité des classifications qu’agite le vent des idées pures...

Jean Ristat ► Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés - Gallimard, 2017 ► En attendant Nadeau n°45

On l’aura compris, rien de plus inactuel que ces pages. Avec L’Éloge funèbre, nous ne sommes pas dans la réalité mais au théâtre, et non dans le monde contemporain, mais quelque part dans l’âge baroque, dont Jean-Louis Martinoty fit par ses mises en scène redécouvrir les opéras...

Paul Louis Rossi ► Les variations légendaires - Flammarion, 2012 ► Secousse n°8

Mieux que des essais, ce sont souvent des récits inventifs, composés à la façon des petits temples d’amour que bâtit dans les bois, de débris volés (petits cailloux, graines d’origan, boutons de nacre), cet oiseau des îles dont parle l’un des textes...

Paul Louis Rossi ► Le sentiment des choses - sur l'œuvre de Paul Louis Rossi ► Nu(e) n°67 (sept. 2018)

Par le plus grand des hasards, lisant la Vie de Rancé au moment même où je réfléchissais à cet article, j’ai été frappé d’une parenté entre la conduite du livre de Chateaubriand et celle des récits de Paul Louis Rossi...

Jacques Roubaud ► Chutes, rebonds... - Gallimard, 2021 ► En attendant Nadeau

Que la poésie soit d’abord forme, c’est-à-dire nombre, Jacques Roubaud – à rebours d’une certaine pratique contemporaine – en administre à nouveau la leçon. Après les 4 000 courts tercets de Tridents (...), il donne à lire une série de sizains d’une mesure étrange...

Valérie Rouzeau ► Vrouz - La Table Ronde, 2012 ► Secousse n°8

Valérie Rouzeau avance en titubant, elle bredouille, elle s’égare, elle ramasse un fil qui traîne et tire, c’est tout un monde qui vient qu’elle abandonne aussitôt, elle revient à sa matière et se perd à nouveau : elle se laisse conduire par les mots...

James Sacré ► Figures de silence - Tarabuste, 2018 ► Poezibao

...Feintes maladresses qui m’ont fait penser à cette anecdote rapportée par Seamus Heaney : retournant dans la ferme familiale, le futur prix Nobel s’attachait à mal prononcer les mots qu’il jugeait trop savants, afin de ne pas se démarquer de son milieu d’origine. Il y a de cela chez James Sacré, lui aussi d’origine paysanne...

James Sacré ► Brouettes - Onsidiane, 2022 ► Terres de Femmes

...De même que, dans la peinture, deux bouteilles nues au crépuscule peuvent toucher autant que les grandes machines mythologiques, on peut tout dire en vers avec bonheur, les amours de Didon comme une simple brouette. (...) « Pour restreindre son train de maison, disait Goethe, on n’en est pas plus pauvre »..

Hélène Sanguinetti ► Domaine des englués - La Lettre volée, 2017 ► Secousse n°23

...Son imagination est mobile. Elle s’abandonne volontiers à la furia de l’écriture, laissant l’inconnue intérieure, l’ogresse aux multiples voix qui l’habite s’emparer de la page et abandonner brusquement le récit pour la comptine (...) ou le chant...

Hélène Sanguinetti ► « Deux ailes bruissaient... » - sur l'œuvre d'Hélène Sanguinetti ► En attendant Nadeau n°175

Hélène Sanguinetti, c’est une œuvre insolite, une fête énigmatique qui parfois fait récit (le Cap Arcona coulé avec des milliers de déportés, dans Et voici la chanson ) et parfois, intriquée à sa vie, garde son secret. Mais pour moi, c’est d’abord une voix...

Éric Sarner ► Cœur chronique - Le Castor Astral, 2013 ► Secousse n°12

Ces mots volés, disposés à l’aventure, servent d’amorces à de petites fusées intimes qui éclairent un instant la nuit du passé, celui d’une société peuplée de croyants et d’esprits malins, de pêcheurs et de marchands de cervelle...

Éric Sautou ► Une infinie précaution - Flammarion, 2016 ► Poezibao

Eugène Savitzkaya ► À la cyprine - Éditions de Minuit, 2015 ► Secousse n°16

À la cyprine n’est qu’en partie (l’hypocrite lecteur le regrette en secret) consacré au sujet promis par le titre mais, lorsqu’il le fait, c’est avec beaucoup de fantaisie. Eugène Savitzkaya tourne autour de son objet avec une invention qui, comme dans le désir et l’acte de chair, est le sel du plaisir...

Pierre Seghers ► Comme une main qui se referme - Bruno Doucey, 2011 ► Faites entrer l'infini n°51

On retrouve ici, comme chez Aragon, comme chez tant d’autres à cette époque, le carcan du vers mesuré. Non sans doute par souci d’efficacité (...) mais plus vraisemblablement pour ennoblir une parole chargée de dire l’insoutenable présent...

Jude Stéfan ► Disparates - Gallimard, 2012 ► Secousse n°9

Plutôt qu’un parcours de vie, c’est une rêverie ordonnée chargée de souvenirs qui nous restent parfois cachés ; c’est aussi une traversée des siècles et des livres : les vers embrassent l'Antiquité comme le monde contemporain, les mythes aussibien que la Littérature. Ils embrassent surtout la langue ...

Jude Stéfan ► « La poésie est une fille libre » - sur l'œuvre de Jude Stéfan ► Europe n° 1127

...Un hôpital sur un canal, l’odeur fade de l’eau stagnante, les salles où flottent les cornettes blanches des béguines, et les épileptiques qui secouent leurs lits dans la nuit, ligotés aux montants de fer. Les soirs d’étape à l’estaminet, la saveur âcre de la bière, le sentiment de la perte...

Esther Tellermann ► Sous votre nom - Flammarion, 2015 ► Europe n°1044

Il est des écritures qui défient l’analyse. Telle est celle d’Esther Tellermann. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir la plupart des notes consacrées à ses livres. C’est pour tenter de cerner ce mystère que je m’y risque à mon tour, en sollicitant l’indulgence dulecteur ...

Frédéric Jacques Temple ► Phares, balises & feux brefs - Bruno Doucey, 2012 ► Zone sensible n°1

Frédéric Jacques Temple parcourt de mémoire la planète, à grandes enjambées (...), ponctuant ses carnets de route de courts poèmes, comme autant d’instantanés. Il y a du Cendrars chez Temple, celui de Kodak, et il y a de l’Arawak...

Franck Venaille ► C'est nous les modernes - Flammarion, 2010 ► Secousse n°5

Le lecteur Venaille, en invitant ici les poètes qui comptent pour lui, ceux qui l’ont formé ou qui l’accompagnent (plusieurs, mieux que de simples commensaux, sont des compagnons de vie), nous livre bien autre chose qu’une recension...

Franck Venaille ► La bataille des éperons d'or - Le Mercure de France, 2014 ► Secousse n°15

Il y a bien bataille, mais elle est intérieure, de soi contre soi, ou plutôt de l’homme contre l’enfant qu’il fut, contre l’enfant-de-la-douleur-première évoqué dans Chaos (...), du fils contre ses géniteurs...

Franck Venaille ► Requiem de guerre - Le Mercure de France, 2017 ► Secousse n°22

...de grands revenants traversent le livre en coup de vent, Villon par exemple, ou un rebouteux nommé Simon Freude, qui se fait la main à Trieste en disséquant les glandes sexuelles des grenouilles avant d’entreprendre son œuvre majeure, un Guérir de l’envie de guérir en cinq volumes...

Franck Venaille ► Halte au feu - Préface à la traduction de Requiem de guerre ► Secousse n°24

	...C’est la première fois depuis La Descente de l’Escaut que Franck Venaille aborde de front sa maladie. Il se met en scène avec une sorte de douleur scandalisée mêlée d’une joie mauvaise...
	...Es la primera vez, desde La Descente de l’Escaut que Franck Venaille aborda de frente su enfermedad. Se pone en escena con una especie de dolor escandalizado mezclado a una malévola alegría...

Franck Venaille ► Le pays noyé - sur l'œuvre de Franck Venaille ► En attendant Nadeau n°65

Franck Venaille ► Avant l'Escaut - L'Atelier contemporain, 2023 ► En attendant Nadeau n°192

...Et nimbant toute l’œuvre, lui donnant sa tonalité unique au sein de la modernité, une sentimentalité noire, placée à l’origine sous le signe de Laforgue (« Pourri, pourri de tristesse »), qu’il nomme tour à tour mélancolie, angoisse, désespoir ou douleur, et qu’il qualifie à bon droit de « maladie de l’âme »...

Pierre Vinclair ► Le cours des choses - Flammarion, 2018 ► Poezibao

...la Chine contemporaine, où triomphe l’Enrichissez-vous de Guizot, mot d’ordre qui revient en leitmotive dans le recueil. La très grande richesse (...) y contraste violemment avec la misère des paysans déracinés qui arrivent en ville en sandalettes de paille...

PROSES

Enquête : Le style est-il de droite ? ► L'opium des Lettres ? ► Secousse n°26

....Et si la redoutable Machine avait un peu de style, elle aurait pu terminer par un trait d’esprit : comme si le fait de bien s’habiller était la marque d’une opinion de droite et que, quand on est de gauche, on devait aller dépenaillé......

Anton Beraber ► Braves d'après - Gallimard, 2022 ► Remue.net

...il y a dans Braves d'après des pages de pure littérature, libérées de tout souci d’intrigue romanesque ou de vérité psychologique, des pages d’une force d’expression, d’une amplitude de registre […] et d’une invention dans les images – d’une invention tout court – qui étonnent et enchantent....

Anton Beraber ► Notes sur le Territoire - Remue.net, 2022 ► Poesibao

...Plutôt qu’une métaphore de la France, qui voudrait un plus grand genre, ce sera l’un de ces pays intérieurs qui agrègent une nuée de faits minimes, qui nous poursuivent inexplicablement à travers les années, alors que tant d’événements plus importants s’effacent. Un pays intime où l’on écoute à jamais Barbara avec émotion....

André Beucler ► Vu d'Allemagne - La Thébaïde, 2023 ► Babelio

...par le récit de ses rencontres avec des Allemands de toutes classes sociales, des anciens nobles aux prolétaires, et de tous partis, des nazis, enthousiastes ou forcés, aux communistes, il nous fait appréhender de l’intérieur le bouillonnement idéologique qui accompagne la prise du pouvoir par les nazis, en janvier 33, puis la brutale hitlérisation de la société....

Hergé ► Le mystère Tintin - Introduction au dossier « Tintin sous le regard des écrivains » ► Europe n°1085

...Le tintinophile vit ainsi une sorte d’existence parallèle hantée par son héros, aussi bien, et même mieux sans doute, qu’il le ferait en compagnie d’autres géants de la littérature, Balzac, Proust ou Claude Simon, dont les univers romanesques ne le cèdent en rien, en richesse et en complexité, au monde réel...

Alain Lance ► Coupures de temps - Tarabuste, 2015 ► La Quinzaine Littéraire n°1138

Alain Lance a pris une part active à la vie poétique de l’époque, qu’il ressuscite par fragments. Le journal s’ouvre sur la mort d’Aragon et les réactions haineuses qu’elle suscita dans une certaine presse, et se referme sur une rencontre (...) avec Eugène Guillevic et Jacques Réda, entre autres...

Pierre Michon ► Les deux Beune - Verdier, 2023 ► Remue.net

...La Grande Beune, qui semble écrite dans une sorte d’ivresse, déploie une grande richesse d’images ; c’est une étoffe somptueuse, une moire, une draperie vénitienne ; jamais buraliste n’a été ainsi parée dans un roman : Yvonne est l’Isabelle d’Este de Michon...

Bernard Noël ► Une machine à voir - Fata Morgana, 2019 ► En attendant Nadeau n°85

...Toujours a conçu et fabriqué une machine au fonctionnement organique qui transforme les pensées en images – heureusement sans occire l’utilisateur, comme celle de Morel, qui transformait les êtres en fantômes...

Olivier Rolin ► Circus 1 & 2 - Le Seuil, 2011 & 2012 ► Europe n°1019

Olivier Rolin est l’un des meilleurs représentants d’un genre qu’il a nommé la petite géographie, de courts textes situés, habités, souvent hantés par l’ombre d’un écrivain, tressant d’une écriture vagabonde les trois motifs de la géographie, du journal intime et de la Littérature...

Olivier Rolin ► À y regarder de près - Le Seuil, 2015 ► En attendant Nadeau n°2

La lecture de ce livre est une délectation. Les trouvailles abondent. Comment résister au plaisir de citer quelques-unes des formules foudroyantes qui cristallisent les vertus des objets choisis ? Ainsi, parmi beaucoup d’autres :L’ASPERGE : le désir assassiné. ..

Olivier Rolin ► Invitation en Rolinie - sur l'œuvre d'Olivier Rolin ► Europe n°1068

...il ne se contente jamais de promener un miroir le long de son chemin – ou plutôt, le monde qu’il donne à voir est composé de multiples strates : les manifestations du monde sensible s’enracinent dans un terreau complexe fait d’évènements passés, de savoirs, de réminiscences de lecture, de souvenirs intimes...

Olivier Rolin ► Vider les lieux - Gallimard, 2022 ► Remue.net

...on ne peut s’empêcher de penser à Chateaubriand (...). Olivier Rolin en est une sorte de lointain petit-neveu, un neveu nourri de Joyce et de Claude Simon, qui mêle l’ironie – et l’autodérision – à la mélancolie (...) et qui, rebelle à toute chronologie, parcourt sa vie à l’aventure, à pas de géant...

Olivier Rolin ► Jusqu'à ce que mort s'ensuive - Gallimard, 2023 ► Remue.net

...La littérature est l’un des modes, le plus raffiné, de l’anthropophagie : tout écrivain se nourrit de ses prédécesseurs. Le plus souvent, il se les incorpore si bien qu’ils disparaissent dans son œuvre. Parfois, au contraire, dans un geste témoignant du processus secret de l’écriture, le neuf est enté sur l’ancien, le vif greffé sur le mort....

Christian Rosset ► Le Dissident secret (un portrait de Claude Ollier) - Hippocampe éd., 2020 ► Remue.net

...son œuvre est si diverse et, malgré le regroupement de ses livres en séries, elle présente, comme l’œil de la mouche, tant de facettes, jusqu’à la science-fiction et au fantastique (...), qu’il n’est peut-être pas inutile de mettre en son centre l’homme qui l’a créée, dont les obsessions lui donnent une façon d’unité...

Eugène Savitzkaya ► Fraudeur - Éditions de Minuit, 2015 ► Secousse n°16

Les oies se ruent dans le verger, les herbes prolifèrent, les orties fouettent la peau, l’argile colle aux semelles, « plastique et malléable comme la langue française », le sang circule avec vigueur, le désir gonfle la chair...

Claude Simon ► Le Cheval - Éditions du chemin de fer, 2015 ► Secousse n°18

On est immédiatement happé. C’est déjà l’écriture admirable de la maturité de Claude Simon, ses longues phrases en méandres, avec leurs digressions, leurs parenthèses, leurs adjectifs multiples, une pensée errante mais rigoureuse...

Claude Simon ► La séparation - Éditions du chemin de fer, 2019 ► En attendant Nadeau n°77

C’est autour de la mourante, Marie (...), qu’on ne voit pas, qui n’est plus « qu’un paquet d’os dans un sac de peau fanée » veillé par une sorte de Charon femelle bossue et contrefaite, c’est autour d’elle que tourne lentement le récit – elle en est le centre aveugle et le seul moteur...

Claude Simon ► Scénario de La Route des Flandres - Éd. du chemin de fer, 2023 ► Remue.net

...Ainsi d’une page célèbre de La Route des Flandres montrant Georges prisonnier s’échapper à quatre pattes dans les taillis en haletant et se métamorphoser en une bête en rut qui tient sous lui une femme aux reins creusés, vision puissante qui rassemble les deux grands thèmes du roman....

... et quelques notes de lectures hâtives ► Une Babel de romans ► Babelio

...Il faut traverser en apnée les 4 premières pages, sans doute écrites sous l’emprise d’un vieux marc d’alambic, car on n’y comprend pas grand-chose (l’auteur non plus, sans doute) ; mais, passée cette épreuve initiatique, quel régal !...

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