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Présentation des livres

Certains livres anciens sont épuisés, mais il se peut que j'en possède encore quelques exemplaires.
On peut me contacter le cas échéant par la page Contact.



Proses


Il s'agit du journal, ou plutôt du roman de l'écriture de L'Oca nera.

Ex-machina Ex machina
(Journal de l'Oie)
(La Thébaïde, oct. 2022)


9 mars 2012. Turin, la ville aux trois visages : la capitale de Victor-Emmanuel, la cité métaphysique de Chirico, la sombre mégapole de la FIAT. Lui donner un centre secret. Parmi tant de lieux propices qu’elle ne dévoile qu’aux flâneurs, aucun plus prompt à animer l’esprit que la serre de la Galerie Subalpine qui conduit de l’angle des portiques de Piazza Castello à la petite place pavée où se dresse la statue équestre de Charles-Albert – là même où un soir d’hiver, posant sa joue sur celle d’une jument ignoblement fouettée, mêlant ses larmes à celles de la bête, Nietzsche a perdu la raison. Tout pourrait commencer là. Au cinéma Romano. Ou dans le cénotaphe de la Confetteria Baratti & Milano p. t. E. Ou dans la librairie du juif.


Devant ce qu'il convient de nommer une « servitude volontaire », cet essai fouille les recoins du désamour de beaucoup pour notre langue.

Pump to fit ! Du franglais au volapük
ou
Le perroquet aztèque

(Obsidiane, nov. 2019)


Jamais notre langue n’a été aussi malmenée et jamais à ce point mal aimée. Quand elle n'est pas dénigrée pour des motifs où elle sert de bouc émissaire à d’autres combats (la lutte contre le sexisme, par exemple), elle est trahie au profit de l’anglais, qui se voit paré de toutes les vertus. Les amoureux du français font face à une coalition vaste et hétéroclite qui emprunte à toutes les couches de la société, des jeunes gens des banlieues en déshérence économique et culturelle, qui chantent en anglais pour échapper à leur condition et se fondre dans une Amérique fantasmée, jusqu’à l’élite économique, scientifique et politique de notre pays, de tous temps férue de jargon, qui larde aujourd’hui ses discours de mots immigrés, par paresse ou pour paraître.


« L’historien est un prophète tourné vers l’arrière » dit Walter Benjamin. Il s'agit donc du passé, de ce que l'on en sait, de ce qu'il faut inventer pour l'approcher. On y voit un collectionneur de jeux de l’oie ; un mystère à percer ; un chantier de tunnel et le mouvement No-Tav du Val de Suse ; un rescapé de Vichy en fuite ; des aventures amoureuses ; l’anéantissement des maquis du Vercors ; une enquête sur Mireille Provence (« l’espionne du Vercors »).

L'Oca nera
Roman
(La Thébaïde, janv. 2019)


...Il sort d’un tiroir une grande liasse informe reliée par un cordon, aux feuillets remplis d’annotations tracées à l’encre bleue d’une fine écriture appliquée. Les années y ont laissé un peu partout leur empreinte, marques de doigts, taches de café, auréoles de cigarettes, comme si la vie du libraire était rassemblée là, condensée dans ces signes dérisoires, toute une vie d’attente, de transactions fébriles et de passions secrètes transcrites en langage codé en regard des articles de son catalogue. Il feuillette un instant la liasse en tous sens, comme au hasard, puis son doigt s’arrête sur une courte liste dont toutes les lignes sont biffées, à l’exception de deux : Gioco dell’oca del Risorgimento et Gioco dell’oca nera, cette dernière mention complétée dans la marge d’un énigmatique         BOI         – « Non, me dit-il après un moment, c’est le seul que j’aie. »...


À l’occasion de la composition de Cabinet de société (Henry, 2011), une furieuse controverse s’est élevée entre l’auteur et l’éditeur sur l’évolution de la langue et l’usage de la ponctuation. Ce récit est le fruit de cette furieuse (et amicale) controverse. Il a pour sociétaire secret Olivier Rolin.

Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao, Pauli ! Du neutrino véloce
ou Discours de la virgule

(Passage d'encres, juin 2015)


 La poussière des années vole, il s’enfièvre peu à peu, les yeux dilatés sous ses verres, pétardant de la main ses cheveux gris pour y réveiller l’ancienne crinière : et revivant nos équipées à travers la banlieue rouge, les coups de main, les meetings à la diable aux portes des usines, et les longues virées nocturnes à chanter L’Orient rouge dans Paris assoupi, entassés dans une vieille Ami 6 collective...


Cabinet de société (Éd. Henry / Écrits du Nord, 2011) est dédié « aux saints Lagarde et Michard » de notre adolescence. Les auteurs classiques, et quelques modernes, y sont évoqués (souvent sous un déguisement) dans de courts récits aux tonalités variées : fictions, divagations... et exécrations. « Ni roman ni essai, Cabinet de société est une sorte d'épopée avec, comme héroïne principale, la littérature » (Jean Le Boël)    

Aux saints Lagarde et Michard Cabinet de société
Éd. Henry / Écrits du nord
2011


Racine en a fini avec son Phèdre, à présent il ne sait ce qu’il veut. Lui revient en mémoire une conversation avec l’aîné des Arnault, peu avant sa mort. Pourquoi, en effet, pourquoi s’attacher à des passions privées, même tant chargées d’humeurs qu’elles vous jettent pantelants hors de vous, quand il y a cette grande ambition dans le siècle ? Il revoit la table grise où n’était qu’un crucifix, et dans les rayons, parmi les in-octavos hollandais, les Bibles romaines et les Discours au peuple genevois, un petit portrait de jeune fille : sévère, le front buté, les lèvres plissées, qui sourit peut-être, et ce n’est peut-être qu’une illusion. Elle porte une robe serrée jusqu’au menton, comme la mode en a passé, ses seins gonflent à peine le lourd tissu, on les devine châtiés d’une bande de drap étroitement nouée.


Poésie


Ce livre a été inspiré par Le Tour de la France par deux enfants, le livre de lecture de la IIIe République : un voyage circulaire dans la France contemporaine. « ...ces poèmes, que j’ai conçus comme des photographies verbales, forment un documentaire […] C’est peut-être aujourd’hui un genre nouveau. » écrivait Blaise Cendrars en introduction à Kodak (1944).

Le voyage intérieur
(Flammarion, oct. 2023)


           Les eaux (Aix-en-Provence)

Les vertus des eaux des Thermes de Sextius
que vingt siècles louent        venustas mulieri       
Priapus viro        par pudeur Augustine
n’en dit mot        qu’en dirais-je moi-même
qui fuis comme la peste l’eau        et ne sais
à la beauté        qu’une forme en sommeil
quant à Priape        qu’on m’épargne l’éloge
de ce dieu arrogant        vae


L'ultime Thulé est inspiré de la Navigation de Saint Brendan, un manuscrit latin du haut moyen-âge, qui a nourri le mythe de la découverte de l'Amérique par des moines irlandais au VIe siècle. La légende a connu au moyen âge une diffusion considérable (on en trouve des versions dans toutes les langues européennes) avant de s'effacer brutalement.

Faire le voyage en jeu de l'oie : cliquer sur les dés    Il ne vous est pas permis d’aller au-delà...

A la recherche du paradis terrestre... L'ultime Thulé
Jeu de l'oie
(Flammarion, mars 2018)


Ces hommes          les yeux fixes         les dents serrées         ne pas se répandre          joie ni plainte          l’esprit lancé d’un seul jet         au milieu des mystères          qui empoignent le monde          sans rien ménager        et tant veulent          tant          démènent leurs jours          qu’ils subjuguent enfin tout ce qui est          tout le ciel étoilé          toute la mer hostile         et nos vies légères         qui ploient à tous les vents


Les métamorphoses ne doivent rien à Ovide. Ce sont celles de l’auteur à l’approche de l’âge : déloger de soi, éprouver tous les sentiments, toutes les passions tour à tour, ou conjointement, avant qu’il soit trop tard. Autoportrait en faune ou en épicurien… Ces métamorphoses sont aussi celles du livre dont la forme change selon le point de vue, à la manière des anamorphoses....

Aux poètes, aux amants, aux solitaires, aux ogres, aux grammairiens... Les métamorphoses
Le Castor Astral
2017


Rires       nuées de tabac       souffles d’éventails
Et les belles convives à la table des noces
Dont le sein s’échappe des tissus légers
Chacune à son autre       embrassés
Le coude dans les plats tandis que couine
L’électrophone Au milieu des lilas… lampant
Une absinthe qui foudroie sans apaiser Dehors
Le monde vacille dans le premier soleil d’été
Si prompt à tout bénir Ce qui est dans sa gloire
Et ce qui va passer…


Un voyage encyclopédique à travers la nature, la géographie, les sciences, l'histoire, la philosophie et la littérature – et en soi, comme il se doit.

Tristran Le voyage de Bougainville
L'Amourier
2015


(...) L’esprit erre en bohémien       sa verdine
Chargée de choses mortes robes démodées
Poupées de chiffon masses de cheveux
Ceux qui n’avaient rien de ferme ni terre
Ni tombe un nom changeant de langue en langue
Qui s’abandonnaient aux vents des saisons
Après des siècles d’errance ont atteint
La Petite Égypte ou la Grande Judée
Un enclos dans la boue aux longues baraques
De bois créosoté       où le corps fourbu
Se purge du monde et un feu dans la main
Vole au ciel passager       les noms seuls
Un instant       osseux       dans la cendre
Puis le tourbe gonfle       et tout
Se dissout dans les nombres...


Tristran transporte la légende à la fin du dernier siècle, au milieu de la crise irlandaise qui secoue alors le Royaume-Uni. Mais seul importe l’amour sauvage et désespéré unissant les amants, qui ne peut se résoudre que dans la mort.

Tristran Tristran
Obsidiane
2010


O s’éprendre à nouveau agenouillé
Dans la terre molle et louer les amants
Dégageant de la tourbe deux formes nouées
Aux membres disloqués pris dans les racines
Proies d’un désir pétrifié qu’un souffle peut-être
Va ranimer et rendre à leur folie les yeux
Dessillés les membres lavés les parties molles
Gonflées par les humeurs sièges des vertus
Et des passions Si grande joie si grand...
Et tressaillant un doigt sur leurs plaies
Éprouver leur destinée...


Le petit séminaire rassemble de courtes proses autobiographiques. Trois lieux (la ville, la chambre, le jardin) y témoignent pour trois époques. Les textes sont marouflés de brefs poèmes : voler l'éphémère.

Le petit séminaire Le petit séminaire
Flammarion
2007


O           que revienne
          le premier hiver           qui à peine
se souvient           verse-lui
          le thé brûlant           broie
sur ta planche           poudreuse
          les couleurs           ...

Peins l’ombre           peins
          la lumière           pinceaux
entre les dents           puissante
          comme           un dieu
peins la joie           lancinante...


Le hasard est un recueil de "petits brevets décousus" dont les liasses réunies composent une autobiographie imaginaire. L'auteur y traverse le dernier demi-siècle : aux évènements qui l'ont agité se mêlent les passions élémentaires, sur le modèle des poètes chinois de l'âge d'or.

Le hasard Le hasard
Obsidiane
2004


Tourné vers l'est           évitant les villes
Je traverse en oblique cette province grasse
Non les fruits du plaisir et les herbes adventices
Mais une force intérieure qui gonfle sous l'orage
Nourrie de sang et d'os           des noms terribles
Étoilent la carte divisée d'un trait           comme
Tatoués sur le corps de deux frères siamois
Qui luttent et s'invectivent           et unis par le dos
Roulent dans la cendre froide           il faudrait
Retrouver l'alphabet primitif           et le feu
De la malédiction           au lieu que tourné vers l'est
Je traverse en oblique cette terre opulente
Les yeux fermés et les lèvres vides...


Écrit dans le souvenir de l'Angleterre, Méridien de Greenwich, est un recueil de "sonnets-et-demi" sur le thème de la séparation amoureuse : Est-il jouyssance qui vaille cette privation ? disait Montaigne.

Méridien de Greenwich Méridien de Greenwich
Obsidiane
2000
(Prix Max Jacob)


Une chambre au nord une table et un lit Abrégé
De la solitude Des planètes chargées de vapeur
Conduisent la saison Gloire aux choses passagères !
Dans le compotier où flétrissent les prunes noires
Les mouches font leur miel de l'impermanence
Je te garde comme une ostie sur la langue
Nu sous la clarté oblique écoutant dans la cour
Frissonner l'arbre rouge...


Fruit de quinze années de travail, Le Désert et le Monde a pour motif les combats du Vercors. L'épopée est augmentée d'un roman et malmène quelque peu la géographie : les montagnes du désert de Bruno – le royaume de l'enfance et des derniers solitaires – s'y confond avec les paysages du maquis.

Le désert et le monde Le Désert et le Monde
Flammarion
1997
(Prix Tristan Tzara)


Est-ce vous             frères lointains             voix mêlées de larmes             que cherchez-vous             venez-vous étonnés             que reverdissent les forêts             que sous l'ombre errante             les rochers ne tremblent...             mais rien n'a changé             rien             chacun reste sur sa terre             vous dans le froid             nous             dans les paysages de lumière             ne             pleurez pas             avez-vous donc laissé toute espérance             ne pleurez pas             le monde peut-être             se prépare dans la nuit             par une éclatante jeunesse             à vous consoler du désordre et du sang...


L'Introduction au désert, est une méditation, qui prend la forme de courts poèmes, sur la tragédie du Vercors. L'argument sera développé dans Le Désert et le Monde.

Introduction au désert Introduction au désert
Obsidiane
1996


Ici           dans l'ébriété de la solitude
après tant d'autres           le dos noué
la chaleur et le froid           un fin pinceau
où tremble l'encre           suspendu
sur une hauteur assoupie           et le ciel
une tache d'azur           qu'une flamme aveuglante
perce           Revelatio...           les étoiles freinées
s'immobilisent dans l'espace           et terrible
la voix           entonne le récit


Alecto ! est le second volet d'un diptyque sur la déportation de Robert Desnos et sa mort à Terezin (Tchécoslovaquie), en 1945, peu après la libération du camp.

Alecto ! Alecto !
Obsidiane
1994


Septième jour de juin il descend en lui
Il est de ces choses dont Wang Wei dit
Qu'elles sont présence et absence nouées

Il a des hallucinations et parle des langues
Masque brutal d'où tombe par une fissure
Des mots inconnus


La nature à Terezin, publié après dix ans de silence (le chantier du tunnel sous la Manche...), est le premier volet du diptyque sur la déportation et la mort de Robert Desnos.

La nature à Terezin La nature à Terezin
Europe Poésie
1992


la lumière ne parvenait plus             les mots manquaient             l'odeur du suif couvrait les collines             chaque jour les convois             envoyés en tribut à la Bête...             ah pour obscurcir le feu de son regard             toute ruse nous sera permise             n'approchant             que sous une fumée...             les chalumeaux éventrent les wagons             sous les parois fiévreuses             le butin             du monstre mi-humain...


Passage d'Orient reprend l'un des thèmes fondateurs de la poésie française, celui des croisades et du voyage de Jérusalem, dans une tentative de revenir au récit et de renouer avec une écriture épique.

Passage d'Orient Passage d'Orient
Temps Actuels/Digraphe
1983


... et nous parcourions ces terres déroulées dans la lumière naissante avec la nostalgie d'un âge classique le discours ordonné selon les règles la voix grave accordée à la rigueur de ce paysage de montagnes légères perdues sous les grilles lentes du matin tandis que les héros en larmes dans la crinière de leurs bêtes regardaient l'horizon sur le mer se découvrir écoutant l'étonnante harangue sur le mal que nous avions depuis des siècles portée...


Le montreur d'images est composé de 3 parties dont la première, Praha évoque Prague et la guerre, qui reviendront plus tard dans Alecto !

Le montreur d'images Le montreur d'images
Saint-Germain-des-prés
1978



dans cette ville errante où la légende infuse
un photographe règle le diaphragme en rêvant
de pogroms entre les herbes géantes s'enfoncent
les enfants




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