Extraits Entretiens Critiques |
Extraits |
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1ère
liasse
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2ème
liasse
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3ème
liasse
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4ème
liasse
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5ème
liasse
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6ème
liasse
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.V.
Rien de ce qu'enferme le ciel
Les choses fermes
les versatiles
Ni la roue des passions
celles qui nourissent
Les terribles feux grégeois
et celles
Qui ne sont que prière et macération
L'ombre des choses passées
Ce qui tremble et qui crie son plaisir
Et ce qui pleure dans les montagnes glacées
Rien de cela ni l'âme
du monde
Qu'à force de veilles
comme savants et poètes
J'ai cru quelquefois approcher
plus rien
Ne saura désormais me distraire
Choses sans essence
sans savoir
Comment avec elles bâtir le jardin
Qui me contentera
tout n'est qu'illusion
Pour celui qui rêve dans l'hiver
enfermé
Face au portrait de Laure...
.IX.
Moi aussi je chanterai Laure
l'huitre de ses
yeux et son front bombé
ses mèches bouclées
à la diable
et ses dents déchirant
une figue je chanterai
sur ses lèvres
nues la goutte
de vin qui perle
Bacchus et
Proserpine ensemble
et la mouche dévote
qui prie sur le pli de sa gorge
je chanterai les
mots contraires
l'amour qui gémit
et ne sait
atteindre son objet
je chanterai le silence
les miettes
et les verres
tachés
ses mains qui se retirent
ses yeux perdus
shake...
au loin des musiques noires
rattle and scar...
je ne saurai plus qui j'aime
sur la nappe de papier
un visage
griffonné
aux lignes sauvages...
je chanterai l'ombre et le sens
versatile et des
humeurs chagrines
mais qu'elle se penche
que ses yeux prodiguent
leur feu puissant
je chanterai moi aussi
le vin
mêlé de neige...
.XXV.
Ce soir je veux de rien
écrire une élégie
un ciel
et des pruniers
en neige
et son pas petit
divisant
la blancheur
L’amour n’est pas avide
il ne
veut qu’un rien
des chants et des plaintes
et il fait d’un enclos
un monde vaste
au-delà
de son désir
Presque rien
une ancienne terrasse
sous un mont grossier
où il
faudrait
comme autrefois
se
mordre les lèvres
et ne pas
tressaillir
Mais rien
ne sait l’asservir
et il va sans entrave
comme
au fond du jardin
où sont merles et geais
l’esprit des ursulines
courant dans la
neige
au-delà
de la
tombe usée...
.V.
Je ne connaissais pas
l’odeur des hommes
La mêlée des passions et les corps
étouffants
Pourtant ce n’est pas un pays de commerce
les jours
Sont vastes et vides
les nuits une lame aiguë
Un souffle traversant les lignes nous touche parfois
Bêtes et bandits courant la willaya
Ou les ventilateurs de Bigeard
ou rien qu’un songe
Le poste est serré dans l’épaisseur
muette
Les chasseurs roulés dans leur toile
la bière
Flatte leur érection
seul je ne dors pas
Sur son tertre le pin frémit
parfois
Dans les roses gelées un être crie
Qui s’efforce
et ne retrouve pas
Les mots du vivant
et moi-aussi j’appelle
Et j’attends l’aurore
mais pour qui
Maintenir ce désir
seul
retranché
Au-delà du Kouriet...
XXVIII.
À quoi tendait ce
désir
ceux qui aiment
Chantent l’unique
les dents serrées
Sur une feuille d’or
et dans un ciel prodigue
Ils courent sans effort
puissants et fermes
Comme des dieux de pierre
ignorant le vent
Et les nombres qui s’accroissent
Mais le sort les précède
ils n’allègent pas
L’hiver qui descend dans le monde
les chants
Les roses les
bouches humides rien
ne retient
Le froid de
grandir dans les choses
Nous étions embrassés
nous n’avions pas
quitté
La cité d’argile
ceux qui aiment
Courent sur un trou de terre
.XXIX.
Sale
sans sommeil
treizième mois
Courir un monde démondé
une arme pour compagne
Sans espérance
sans larmes
n'étant
Que lourde chair
puis rouler dans la nuit
Ivre de silence et de bière
Quelle est cette guerre
se perdre
Dans l'éternité des choses
un désert
Et des brouillards
les vertus sont vaines
L'ordre un hasard
seul
avec des pierres
Et une morte
serrant nuit et jour sa fumée
.VI.
À l’aube des
cris de bêtes marines
Le silence est neuf le froid perçant
Deux livres et un sac d’habits civils
Vierge comme après un long sommeil
Me laver dans un profond exil
Même les yeux fermés je ne reviendrai pas
.VII.
Longue patience dans le ferry vide
La mer est dressée entre deux boucliers
Dans le nord comme des cris de guerre
Et l’éclair des sabres dans le nuage
Je suis seul à la table de l’avant
Lisant Yashima et la nonne Seifu
.VIII.
L’eau franchie pas de
retour
Seul sans désir oubliant ton nom
Dans cette île aux lampes éteintes
Les monstres du sommeil à mes genoux
Je laisserai sur toi foisonner le désert
Nous serons délivrés
.XXVII.
Lande humide vers le
côté d’Irlande
Aux rochers alignés sous la trace des vents
Saint-David pas de route plus avant
Il tenait cette aire nue circulaire
Sommet de mamelon d’où deux mers
S’offrent au désir
une vie sauvage
L’essentiel
les mouettes dans le
nuage
L’herbe rase et les flots
et
l’âme
Fendue comme une pierre d’ogham
Priant pas de viande
et pas de femme
.XXVIII.
Seul sur la falaise au pays de Dyfed
Ni le monde d’en-bas aux prés cloisonnés
Ni l’au-delà
un chant profond tout le jour
Vent vert d’Irlande frappant deux mégalithes
Une mouette est suspendue
touche-t-elle
A la perfection de l’être ?
nous hélas
Rien de tel
même en comptant en vers de onze
.XXXI.
Une allée de
mûriers la mer au bout
nuages
Et sang noir
entre deux collines s’asseoir
Un livre de vieille philosophie en main
ici
Un jardin inviolé
respirer son aigre haleine
En annotant les pages
l’âme d’autrefois
Est morte
les baies tachent les mains
Je chante vent
léger de graines en flocons
.II.
Tourné vers
l’est
évitant les villes
Je traverse en oblique cette province grasse
Non les fruits du plaisir et les herbes adventices
Mais une force intérieure qui gonfle sous l’orage
Nourrie de sang et d’os
des noms terribles
Étoilent la carte divisée d’un trait
comme
Tatoués sur le corps de deux frères siamois
Qui luttent et s’invectivent
et unis par le dos
Roulent dans la cendre froide
il faudrait
Retrouver l’alphabet primitif
et le feu
De la malédiction
au lieu que tourné vers l’est
Je traverse en oblique cette terre opulente
Les yeux fermés et les lèvres vides...
.XVI.
Dans l’île
abandonnée
les dieux de marbre
Jetés en pièces dans les coquelicots
seule a duré
Au-delà des siècles la fleur
légère
qui tremble
Entre deux bleus profonds
les lézards irrités
Gonflent leur gorge devant le visiteur
Qui pisse dans les ruines
la vie retirée
Dans les fentes et les citernes garde le secret
Et veut mieux que le ciel ébloui
L’obscurité
.XXIII.
Traçant la route
à travers la montagne
seul
Entre rivière et ciel
(le chantier perdu
Dans les méandres de l’arrière
Un feu parfois
ou l’écho d’une explosion)
Les liasses de plans repliées
inspectant
Au théodolite les vallées
j’ai trouvé le
makam
Un dôme sec d’où monte au milieu des
couleurs
Un nuage en spirale
la géométrie
N’enferme pas le ciel des soufis...
Plus tard sur le plateau de la camionnette
Le casque sous la nuque et les pieds débottés
Je cherche dans un mauvais anglais le coeur
De Yunus Amre
dont l’un des vingt tombeaux
Accueille le soir au milieu des joncs
Et je m’enivre comme un bourdon dans la ruche
Soulever la poussière et fendre la montagne
Peuvent moins que quatre vers noués en tresse :
Que le poète amoureux verse le vin le miel
Et que dans le sommeil je me joigne aux parfaits...
[Commentaire de ce
poème ici]
.XXV.
Passé le tropique
l’axe se perd entre des îles
Tessons d’argile abandonnés par les dieux
Où parfois une excavatrice
Remonte au jour sous un masque d’or
Un cadavre carbonisé
Leurs fils sont de maigres figures d’os
Qui savent pourtant quand le soir vient
Avec la bouche imiter le chant
D’oiseaux disparus dans un siècle lointain
Avant
bien avant que l’on sût y unir
L’harmonie des vers
du temps
Que la terre était molle
Et moi aussi si j’osais
je voudrais
Ecrire une élégie dans un goût ancien
Assis sur le pont entre les treuils
Le Coran aux genoux
et rêver
La lèvre froncée sur le bout du stylo
.IV.
Penche-toi sur mon épaule
et guide ma main
nomme les villes
et les choses
les montagnes serrées comme
des moules
nomme les plaisirs
et la douleur pareillement
ach
chams
le soleil
sanawat
les
années
et la mémoire
az zaakira...
Apprends-moi la patience
et le regret d’un
pays si proche
que presque à le toucher
le soir sur la terrasse
debout sur la pointe des pieds
les larmes te
viennent seules
des collines sèches
entassées dans le sud
comme un ciel d’orage
entre
deux tours étrangères
Pourquoi bâtir et redresser
pourquoi
si elle vise au hasard
tracer dans la poussière une ligne profonde
Nora
apprends-moi cette terre
al awda
le retour
Filastiin...
nomme ce qui n'a pas de nom
et
penchée sur mon épaule
guide
ma main qui erre ...
.XI.
Ils ont brûlé
le sud
dévoré tous les fruits
Sur le port sans bateau le ciel emporte
Les cendres refroidies
est-ce le temps
Que disait l’Ecclésiaste
du palais d’argile
S’est enfuie la chimère
nous abandonnant
La source tarie
et dans la poussière
Les deux moitiés saignantes de la figue
.XII.
Al-Makassad est vide
les rues muettes
Je cherche et je ne trouve pas
dans un garage
Un cheval éventré
leur nom est sur le mur
Avec celui de leur village
près d'un puits
Des sandales rouges
et dans la pourriture
Les restes du marché
la mémoire
Rend son repas
l'odeur de la chaux
Les fumées
dents et cheveux
oublier
Il suffisait de laisser faire
les mouches
Mangent l'été
sur une porte une robe clouée
Une croix au couteau déchire sa pudeur
Dieu et Patrie
leur règle est sur le mur
Avec celui de leur parti
plus loin un enfant
Je ne peux pas
les mouches les
gravats
La boue épaisse de la vie
affligé
Comme une bête sans paupières
je cherche
&Eactue;cartant les planches
les tôles rouillées
Je suis si dur que je ne sais pleurer
oublier
Suffira-t-il de laisser faire ?
.XIV.
Quand il connut le monde
maître Mong s’enfuit
Jetant sa main tranchée à un chien sauvage
Près des pins et des nuages Mong Hao-Jan
Médite solitaire et ne sert pas son prince
Il chante et boit Un dieu égaré sur les pentes
Lui enseigne la gloire et le néant des sens
Parfois brûlent au loin les portes du palais
Il loue le ciel qui prodigue avoines et neiges
Les fleurs tombées dans la nuit l’attristent Son
chant
Fend les rochers inflexibles du mont Lou-Men
Bêtes et voyageurs se taisent un instant
La folie peut-elle déserter le coeur ?
.XX.
Dans cette clarté qui
n’offusque pas l’œil
Un paysage aux formes naïves
La montagne d’Hugues sous les bois en épis
Et sur le toit boîteux
sit laus plena...
Un ciel volatil
à peine la raison rectifie
Ce qui va s’écarter des justes proportions
Le peintre ayant tracé les lignes de fuite
Laisse la matière envahir peu à peu
La feuille tendue
atelier des éléments
Que les désirs changeants ne déchirent pas
Ni plaisir ni mélancolie
Le désert à lui-même sa seule fin
L’éphémère est pris dans le
compas
Je m’acquitte
je ne me livre pas
.XXVI.
Dans un éclat de vitre
un visage inconnu
Crusoe 50 ans maigre barbe œil fuyant
Oisif appuyé au montant de la fenêtre
Trois sapins sortent de trois pierres Plus étroit
Le jardin que le pas de l’enfance Respirer
Son encens Grands asters églantines sauvages
De quoi être et ne pas se perdre La brise
Est douce De très vastes distances jusqu’au ciel
Et des livres pour la raison Ohé Béroul Leopardi
Amants buveurs de philtres dont la devise
M’a si longtemps troublé Rêveurs
impénitents
Je ne vous aime plus Mais prendre l’air
Sous la lune à deux croissants Et boire
Une manche passée dans la ceinture
Laissant sur l’allège voler la feuille blanche
Et se perdre une vie volatile plus
Que le chant du coucou Le toit s’abîme
Le vent ploie les sommets Être à
soi-même sa règle
Léger comme un esprit dans la maison fendue
Sous la lumière qui ne sait pas mentir
.XXXIII.
J’ai mangé la
coque et les cerneaux
Et reste vide de savoir
enseveli
Dans ce monde où la neige corrige tout excès
Et tremblant
attaché par un pied
À un désert impénitent
je
m’opiniâtre
Un vin épais
la main errant dans les livres
Les photos si
mal résigné
Que mon pas n’ait laissé qu’une trace
légère
Que ce à quoi nous avons cru
Nourrisse désormais la nuit des dictionnaires
Notre vie une gousse sèche et dure
Dont se sont sans profit échappées les graines
Je songe à ceux qui ont cru semer
dont l'herbe
A bu l'effort
j’écoute malcontent les sermons
Je m'irrite à la voix de Phédon...
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