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Ce premier livre avouable, Le montreur d'images, est composé de 3 parties sans liens. Praha évoque Prague
et la guerre, qui reviendront plus tard dans Alecto ! Les deux autres parties, qui mêlent étrangement lyrisme et
réminiscences de l'Histoire, me sont aujourd'hui en partie opaques. Je relis, je me retiens de corriger. Cette
hantise de l'époque, craindre la clarté... |
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Extraits |
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Praha |
Galanteries |
Seismes |
les morts ont gardé les mœurs de ces années
chaque dresse sa pierre ornée et bientôt
recouverte leur peu de terre domestique
étouffe la mémoire de leurs pères
dans cette ville errante où la légende infuse
un photographe règle le diaphragme en rêvant
de pogroms entre les herbes géantes s'enfoncent
les enfants
*
Melantrichovy ulice vieille femme réchappée des laves
un cabat de cendres et de poupées son visage fendu rit noir
un banc de square situé dans l'ancienne judée, où elle parlera jusqu'à la nuit, de l'amour
bribes de sainteté hommages à la mort
scénarios incohérents (la sciure du drame tombe des lèvres)
*
Tous ces rois faisandent dans ta mémoire d'or
endormie dans cette aube où boivent les tankistes
la langue sur un pavot tu rêves encore
*
J'ai régné dans des cafés aux noms de France
d'où les poètes louchent sur l'Histoire
celui-là quand la famine consumait le blé noir
s'effraya au milieu des agates à voir
son visage minéral
cette fascination est à la mémoire même
La chair deviendra souffle
à minuit les colombes chantaient
leur douleur
immobile sur les jardins
et la terre amnésique
tu dors comme
une lampe sourde
je suis
de nulle part
Midi revient encore
à l'été débordant, aux âmes relâchées,
aux roses noires dans les eaux maternelles,
au règne fièvreux de vos lèvres ladies,
à toi restée toute douleur, toute mémoire,
aux siècles de nuages, au recueillement,
aux comptoirs luisant du désespoir un soir,
aux vulpins où les amants suffoquent,
dans la chambre sous l'orage
un livre dispersé de ton visage
aux ceintures défaites à ce sang
dans une légende jamais écrite
tes seins pris dans l'orage
aux musiques profondes
nuit sous la bougie plus blanche de ton corps
10.
les poupées perdent – leurs yeux blancs – dans des chambres ouvertes – leurs robes maculées – un ciel étroit – pris
dans l'étoffe – bat – comme un cancer – le lit de fer – les jambes sanglantes – ou c'est un spasme, une mémoire – son
ventre noir – l'enfance est terrible – bouge encore sur ce lit – corps enseveli – sous cette neige chaude – cette
douleur de lui – étoile brûlée – dans un rideau d'années – pâles, cérémonies – tes paupières maintenant – creuses où
la nuit – qui se vide – ton ventre contre – l'éternité docile – tout sombre doucement – comme le sel noir – de sa
bouche – le ciel étroit – pris sous le drap – bat –
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