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Avignon

Critiques de théâtre

Avignon 2022

Ces critiques des pièces vues au festival d'Avignon (au festival officiel et certaines du festival off) ont d'abord été écrites pour Facebook.



 

 

...il faut n'avoir aucun sens civique pour oser faire dépenser tant d'argent (les moyens mis en œuvre pour rouvrir la carrière sont considérables : une noria de cars gratuits depuis Boulbon, des équipes de pompiers disposés sur le chemin d'accès tous les 200 mètres) pour si peu, quand tant de compagnies de théâtre souffrent. Mais le sens civique, celui de Jean Vilar, celui de ses continuateurs, celui d'Antoine Vitez, est manifestement inexistant chez beaucoup de metteurs en scène d'aujourd'hui, dont l'ego démesuré n'a que faire du respect de l'argent public, non plus que des spectateurs – et même du théâtre...

 

 

...Il y a là une foule d'êtres violemment trépassés : suicidé par saut du 78e étage, en s'ouvrant les veines, tué à la hache, renversé par une voiture, avalé par une doline, fusillé après avoir été émasculé, mort d'avoir donné un rein et je ne sais quels autres organes pour acheter-à-sa-copine- un-iPhone-4S-ou-bien-elle-va-se-prostituer-pour-se-l'offrir-elle-même, morts seuls ou accompagnés de 27 fœtus et enfançons noyés, outre un monceau de squelettes anonymes. Sinon la mort par cannibalisme, je crois que rien n'y manque...

 

 

...Il n'y a que ces jeunes gens sur un plateau presque nu, restituant l'expérience de leurs aînés, leur surprise devant les méthodes d'enseignement de Vitez et leur gratitude, leur fascination pour l'homme et le grand metteur en scène. Il n'y a que cette parole multiple qui rappelle ce qu'on a aujourd'hui un peu oublié : que tout part du texte, que l'acteur ne doit pas chercher l'incarnation, que le théâtre est un jeu, que tout lui est possible à condition de faire sens... Il n'y a que cela, et c'est magnifique de bout en bout...

 

 

..Je rentre d’Avignon excédé. Le roi est nu. Le vide s’est emparé des scènes. Les grands textes ont pratiquement disparu et, quand ils sont encore montés, la première tentation est de les verser dans un expressionnisme outrancier qui dissout le sens. Les textes contemporains, s’ils ne visent pas à la provocation, se satisfont de l’anecdotique. D’ailleurs, qu’importent les textes, la mode est à la « performance » : c’est la dictature du corps. Dans tous les cas la pensée est indigente...




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