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Extraits |
Hameau de Han
comme Françoise
moins l’accent
dix ans après J-C
BAILLY
une boucle d’eau verte
où n’atteint pas le siècle
aux anneaux paresseux
d’où naguère
aux mauvais temps
un enfant cocardier
lointain cousin des deux orphelins
pouvait lapider le Kaiser
on dévisage le courant
on s’imagine
Erin-sur-Seille
exilé sur cette rive paisible
Une barque au milieu des eaux
inscrivant le monde
sandres et perches
guêpiers dans les joncs
sur le bord
une maison de bardeaux
et un ressaut d’herbe
tombe vide
le nom au couteau
sur un pieu créosoté
de celle
qui nous fut chère
ni musique ni
aucune image
sinon
entre la Vulgate
et les nostalgies
de l’ami Jean-Jacques
un petit portrait en profil perdu
Bâtisse isolée à
l’orée d’un bois hameau
aux maisons
silencieuses on
imagine
des haines cachées
bouillonnant sous la pierre
DÉTECTIVE en
médaillon d’un fait divers
puis le front sur la vitre du Bar
de l’Est
Vosges matin en huit
plié dans
la poche
épiant ce village quiet qui fut jadis
abominablement sur
la Vologne
sous la
géographie ostensible une autre
non
cartographiée par Vidal et Lablache
que disent
secrètement villes et rivières
par suggestion un
pays sauvage et
périlleux
à Auxerre Émile Louis à
Gambais Landru
Guy George dans l’Est parisien à
Ville
neuve-sur-Yonne Petiot à
Montmartre
Thierry Paulin et ici anonyme
une étoile nue sur la carte des Vosges
Butte du cimetière
striée de lignes de niveau
tôles tuiles bardeaux
fichés dans la terre noire
ziggurat affaissée
à mi-pente
un cabanon
tonneau de zinc
pour les pluies
et tonnelle
fragile paradis
ni radio ni téléphone
Robinson
ici
on pourrait vivre
guêpes et oiseaux
parfois
une amie de passage
et le soir
une chaise au couchant
où boire
en regardant
s’effacer le nouveau monde
Maître des règnes inanimés
étiquetés dans des carrés de planches
comme
aux gravures colorées des manuels
épinards
choux frisés
courges en automne
o
une à une
les quatre saisons
cardons argentés
serrés dans leurs voiles
procession
de nonnes hivernales
et des vanités
tomates blètes
hérisson mort
roses fanées
…
Pont
arqué
de sang
caillé
bambous de thé
âtre
froissés
pour qui
ces mille
épées
où
rester
à souffrir
lanterne
folle
éteinte
à
jamais
pierre soluble
le
dragon dans
sa niche
quintuple
endormi ne
le ré
veille pas
impitoyable
non les
mots
orgueilleux
sur la
pierre
morts a
vec la
semence non
l’Isère
mais plus loin
désormais
que la Chine
poignante
voix de cendre
dans la
nuit celle
Ysé
qui fut
toute joie
un peu
& longtemps
toute
douleur…
Ce général dressé au sommet
d’un palmier
planté sur le dos de quatre éléphants
cul à cul trompe crachant l’eau ancêtres
de l’animal spirituel des Cigares
du pharaon assez satisfait de
lui-même
face à la longue rue qui porte son nom
portiques turinois cachant des mystères
librairie du vieux temps salon de chocolat
Au Fidèle berger le
plancher aux rats
de Maman de Warens et frissonnant sous la bise
un troupeau d’éléphants autre maire
autres chimères remplaçant les moustaches
de Plekszy-Gladz de Boigne donc dans les palmes
héros lui-aussi d’aventures inouïes
général des armées du Maharadja
de Rawhajpoutalah réchappé par mystère
aux guerres aux jalousies au terrible poison
du suc de radjaïdjah qui rend fou sinon
à cette folie ordinaire qui saisit les hommes
trop heureux en affaires à le jucher enfin
sur un palmier au milieu des montagnes
d’où il s’est jadis pauvre et borgne enfui
L’œil qui amie l’odrre et cihrét la
baetué
l’œil n’éelple pas les mtos dit dnas sa lugane
un porssefuer en tgoe et bnoent craré
d’un cuop d’alie il cruot de la lterte iliantie
à la drèrenie snas sucoi que le retse
siot en odrre ou jteé en varc d’un cnerot
car l’episrt haimun ctete macnihe mlole
de Trunig dhifcérfe en un ciln d’œil
le hopirgyléhe aisni
de l’uvneris
diérct par la pshuiqye saqutobmiue
et la coliosgome coahs de
pricatules
cunahce en gruree cnorte toetus
où l’œil lit partunot un orrde amadirble
la curelvhee réndapue dnas la niut
de Bénicrée et
la batueé ponatigne
d’une masîterse vonalt des yuex aux senis
et au pli de la hhnace snas vior
le cohas qui la cmosope
Le passé ne meurt
pas calligraphié
sur la longue ardoise auberge
de campagne
où des banquets de spectres se perpétuent
longue table encombrée de bouteilles PICON
BYRRH trente convives en
habits sépia
dans l’éclair du magnésium prenant la pose
et au petit bout près de la cheminée
parmi les enfants
empesés un
garçon
en robe blanche qui fait le
mariolle tandis
que les parents attaquent
galantine escargots
financière grenouilles coquelet haricots
fromages savarin arche de
fruits menu
solennel et des blancs
là-dessus des Beaume
de Venise des liqueurs pour éclaircir la voix
les hommes en fête et gai rossignol
rendus à leurs vingt
ans les femmes
dégrafées
riant modestement la folie en tête
jusqu’à la nuit où tout
s’évanouit table
et convives dissipés
dans les reflets
des vitres poussiéreuses
Je mâchais des vers
anciens enfoui
comme un faune au milieu des arbres
frondosa vitis in ulmo
aux jardins
de Santa Lucia et entre les
palmes
la mer de Portus
Agathonis
quand l’Arcadie tout à coup
s’efface un nom
enchanteur Lampedusa
bruisse à la radio
m’arrachant à mes églogues
et des nombres 80 dans un
crachotement
puis 12 dans la nuit
péris en mer
les nombres ingrats qui mesurent le monde
presque inaudibles sans nom
sans visage
abandonnés au milieu des tempêtes
vergogna !
bateau-épave
55 miles au large de l’île
fuyant les pays
brûlés ils
mentent
les mots gracieux et
désuets trahit
sua quemque voluptas
non le plaisir
non
entraîne mais la
nécessité
jusqu’à se perdre passe-temps des ondes…
Longue façade à moucharabiehs est-ce
la Conception où sont les sœurs où la salle
des officiers et idiot sur sa chaise paillée
10 francs par jour docteur compris
ce qu’il restait de RBD l’aventure
une jambe vernie sur quoi vaciller
le moignon enflammé dans son étoupe
et le bras scié pleurant les cavalcades
dans les monts du désert harari le genou
crie un coup de marteau le clou s’enfonce
un coup de scie ma vie est
passée voilà
sa jambe au firmament avec la main de Blaise
et la chevelure de Bérénice
une constellation en cucurbitacée
en larmes tout l’été s’ossifiant peu à peu
cœur et viscères et de longues visions Djami
lots de dents un corbeau sur son lit misère
on s’enfuit à défaut d’une palme en mémoire
de la cour des officiers 100 grammes
à la brûlerie
café du Harar
Les vertus des eaux des Thermes de Sextius
que vingt siècles
louent venustas
mulieri
Priapus viro
par pudeur Augustine
n’en dit mot qu’en dirais-je
moi-même
qui fuis comme la peste l’eau
et ne sais
à la beauté
qu’une forme en sommeil
quant à Priape qu’on
m’épargne l’éloge
de ce dieu arrogant
hélas
Lutte à mort sous la citadelle
prodigieux héroïques Hector et Achille
sur la télé noir et blanc des voisins
qui disparaîtront un jour mystérieusement
enfuis en Israël dit la vox populi
tous les nerfs tendus pour aider mon poulain
souffrant autant que lui sur la banquette en skaï
jusqu’à ce qu’enfin alléluia
il s’envole mais l’autre
à Paris arrogant
le regard extatique drogué peut-être
brandit les glaïeuls pour l’éternité
première expérience de l’injustice
d’où naquit tout de fil en aiguille
ce qui s’ensuivit l’obstination
plutôt que le génie le parti des faibles
la Palestine et les longues
laisses
de l’épopée
Pour se plaire ici il faudrait être un autre
Guy Goffette en voisin qui vous trousserait
un sonnet au galop ou Alain Borer
j’ai le sang trop tiède et mal arthurisé
pas un frisson en voyant dans le square
le kiosque inchangé d’À la musique Charles
town c’est Lisieux images pieuses cartes
postales tourniquant au vent des Ardennes
et sur un piédestal ce vagabond
revenu au dernier jour comme le Christ
car nul n’échappe au lieu de sa naissance
amputé des deux jambes supplice chinois
l’oracle enfoncé dans sa gorge d’airain
son regard glacé perdu dans les arbres
cherchant peut-être Guy
aide-moi ou Alain
dans l’incendie de l’automne ardennais
le soleil
éthiopien et
autour immobile
la campagne oublieuse
d’où le siècle
a banni toute énigme
Ce petit pavillon sous le remblai
de l’A1 rideaux gris murs cendreux pas même
sous une herse un peu de terre où pointerait
l’épée bleu des
iris début d’un roman
vie
solitaire un chat malingre
et la radio en continu pour tenter
de s’oublier cette maison
pénible
je la reconnais
malédiction l’asile
au fond de la banlieue de Mireille sept-épées
l’espionne du Vercors
où revenant un jour
bredouille des Archives je
l’ai enfermée
vengeance tardive la longue
aiguille
s’enfonce et je reste
là incrédule
à scruter ces lieux enfantés par un rêve
avant de fuir les yeux
fermés titubant
le long de l’autoroute sans
voir
de la banlieue rien l’esprit
obscurci
par mon roman
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