Au Monomotapa > Accueil

Les bains-douches
de la rue Philonarde

(À paraître - Obsidiane, sept. 2025)



Ces impromptus, fruits de peu d’années, sont tirés d’un vieux carnet, où dorment quelques notes de voyages, et de recueils de bribes écartées de mes livres. Pour être brefs, ils ne m’en sont pas moins chers. Mais comment, à tant de distance, faire revivre cet « imprévisible passé » ? D’un poème imparfait, mais fidèle à l’instant, faire un meilleur sans l’adultérer ? Le recueil se développe « dans l’embarras des formes brèves » (Henri Deluy)


Extraits


On va à son de trompe – triporteurs
grosses Tata bariolées – & des buffles noirs
au pas de procession – entre les cornes
des flamboyants tressés – ou la lune
les yeux à l’ouest pour se purifier

*




Blow horn !

Au pays loin – sans crépuscule – capitale
du désert – règne de cavaliers d’aviateurs
contemplant la ville bleue – d’un œil – sans
me plaire au monde – sinon – unique pensée
à ce qui n’est pas – & volant vers ailleurs

*




Carte postale
de Jodhpur

Ne dis pas ce que tous disent – ne
fouille pas la terre – laisse en paix
les ossements – ne réveille pas
les dieux endormis – NE DIS PAS
LE SECRET PAR LA BOUCHE


*


Catacombes
de la via Appia


L’été s’irrite – 2 corbeaux sur la route
narguent le soleil – uccellacci – le taxiste
extravague – en patois romain – éloge
de l’utopie – apprendre chaque jour
un peu – conte ou vérité – en attendant
celle – qui viendra trop tôt – mortaccia

*




Roma-Fiumicino

Des feux volent sur des bâtons – théâtre
           des rues – une fille en toge
couronnée de lauriers – près d’elle
           un barbon embarbé – je suis
aujourd’hui ce Silène – & ce peu
           m’est assez

*



Bassin des sirènes,
Paris IVe

Rõuge – aux étangs glauques – autant de ciels
& des cimetières qui vaguent sous les arbres
où les vivants ont des bancs pour jouir
du présent – & de la mémoire – don
aux êtres séparés –

*



Passage
du Nord-Est

Sigulda – 2 vieux tilleuls sur une tombe – celle
de Maija la rose de Turaida – aimée des nobles
elle aime un jardinier – un paladin de Pologne
contrefait la graphie de l’amant – rendez-vous
où est leur joie        une grotte sombre – o laissez
           moi – vous saurez le secret de mon voile
contre quoi l’épée ne peut rien – le brutal
essaya – & Maija s’enfuit pure – dans la mort

*



Dans l’enclave des K.
expédition estivale        jeté
au milieu des années 30
l’espace pour tous & la lumière
longue errance dans les pas de K.
puis descendre la Leninsk
ii Prospekt incessant vakarme
précipité au siècle aux dépens
du grand Lénine

*




Калининград

Procession vers l’ancien musée de l’athéisme
pèlerins polonais à genoux dans la rue
sous une vierge noire en habits d’argent
des églises partout repeintes de frais
en gâteaux bavarois        & moi aussi je loue
           ce qui n’existe pas        dulcedo et spes
dernier jour        déjà loin de Vilnius

*




Les progrès
du siècle

À moi Jude         3 cloches         sous un auvent de bois         couronnant le vieux cimetière         où 3 femmes en coiffes noires         qui de l'amour ne savent rien         vipérisent         & regrettent         bouches amères         trop tard

*


Les Parques



Haut de page