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Photographies d'Emmanuel Moses

Les bains-douches
de la rue Philonarde

avec des photographies d'Emmanuel Moses
(À paraître - Obsidiane, mai 2025)

Photographies d'Emmanuel Moses

Ces impromptus, fruits de peu d’années, il y a vingt ans, ou hier aussi bien, sont tirés d’un carnet où dormaient des notes de voyages, de la Baltique à l’Italie, et des bribes de poèmes. Ces instants précaires, ressaisis dans l’embarras des formes brèves, n’en sont pas moins chers à celui qu’ils font revivre – qu’ils inventent. Ce personnage furtif, ce voyageur imprévisible, appelez-le Gérard Cartier si vous voulez.

Quelques poèmes ont été édités en livre d'artiste avec des dessins de Sylvie Durbec.


Extraits


On va à son de trompe – triporteurs
grosses Tata bariolées – & des buffles noirs
au pas de procession – entre les cornes
des flamboyants tressés – ou la lune
les yeux à l’ouest pour se purifier

*




Blow horn !

Au pays loin – sans crépuscule – capitale
du désert – règne de cavaliers d’aviateurs
contemplant la ville bleue – d’un œil – sans
me plaire au monde – sinon – unique pensée
à ce qui n’est pas – & volant vers ailleurs

*




Carte postale
de Jodhpur

Ne dis pas ce que tous disent – ne
fouille pas la terre – laisse en paix
les ossements – ne réveille pas
les dieux endormis – NE DIS PAS
LE SECRET PAR LA BOUCHE


*


Catacombes
de la via Appia


L’été s’irrite – 2 corbeaux sur la route
narguent le soleil – uccellacci – le taxiste
extravague – en patois romain – éloge
de l’utopie – apprendre chaque jour
un peu – conte ou vérité – en attendant
celle – qui viendra trop tôt – mortaccia

*




Roma-Fiumicino

Des feux volent sur des bâtons – théâtre
           des rues – une fille en toge
couronnée de lauriers – près d’elle
           un barbon embarbé – je suis
aujourd’hui ce Silène – & ce peu
           m’est assez

*



Bassin des sirènes,
Paris IVe

Rõuge – aux étangs glauques – autant de ciels
& des cimetières qui vaguent sous les arbres
où les vivants ont des bancs pour jouir
du présent – & de la mémoire – don
aux êtres séparés –

*



Passage
du Nord-Est

Sigulda – 2 vieux tilleuls sur une tombe – celle
de Maija la rose de Turaida – aimée des nobles
elle aime un jardinier – un paladin de Pologne
contrefait la graphie de l’amant – rendez-vous
où est leur joie        une grotte sombre – o laissez
           moi – vous saurez le secret de mon voile
contre quoi l’épée ne peut rien – le brutal
essaya – & Maija s’enfuit pure – dans la mort

*



Dans l’enclave des K.
expédition estivale        jeté
au milieu des années 30
l’espace pour tous & la lumière
longue errance dans les pas de K.
puis descendre la Leninsk
ii Prospekt incessant vakarme
précipité au siècle aux dépens
du grand Lénine

*




Калининград

Procession vers l’ancien musée de l’athéisme
pèlerins polonais à genoux dans la rue
sous une vierge noire en habits d’argent
des églises partout repeintes de frais
en gâteaux bavarois        & moi aussi je loue
           ce qui n’existe pas        dulcedo et spes
dernier jour        déjà loin de Vilnius

*




Les progrès
du siècle

À moi Jude         3 cloches         sous un auvent de bois         couronnant le vieux cimetière         où 3 femmes en coiffes noires         qui de l'amour ne savent rien         vipérisent         & regrettent         bouches amères         trop tard

*


Les Parques



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