Voilà un recueil qui s'est écrit tout seul : de
notes de voyage, de bribes de lecture, de reliquats de L'Oca nera. Et qui se développe « dans l’embarras des formes brèves »
(Henri Deluy)
Extraits
Le
voyage balte
Une épure sous
de grands ciels de buande
Tallinn des églises sans morgue
le chien
de Saint Dominique a porté dans le nord
sa torche & d’étroites fenêtres
que chacun
s’enferme en soi mais partout la langue
italienne me fait une patrie
•
Grandes forêts spongieuses sans fleurs
sans oiseaux Lahemaa
où rôdent
l’ours & le lynx une maison parfois
de rondins on pourrait rester là
à écrire & rêver jusqu’à l’hiver
n’était
qui taraude quel manque
•
Rouge aux étangs glauques
autant de ciels
& des cimetières qui vaguent sous les arbres
où les vivants ont des bancs pour jouir
du présent & de la mémoire
don
aux êtres séparés
•
Sigulda 2 vieux tilleuls sur une tombe
celle
de Maija la rose de Turaida
aimée des nobles
elle aime un jardinier un paladin polonais
contrefait la graphie de l’amant rendez-vous
où est leur joie une grotte sombre
o laissez moi
vous saurez le secret de mon voile l’épée contre lui ne peut rien
essayez le brutal
essaya & Maija s’enfuit pure
dans la mort
Le
voyage de Bulgarie
Ici
non Cyrille honorer
saint des grandes steppes
& Méthode
ici parmi les
dômes les cheminées
d’usine où tout est vrai
jusqu’au ciel au bout des ulitsi
mais une hymne
en mystère à
ce qui n’est
pas
•
À moi Jude 3 cloches
sous un auvent de bois
couronnant le vieux cimetière
3 femmes
en coiffes
noires qui ne savent rien de
l’amour aux bouches amères
& regrettent
vipérines
trop tard
•
L’ermite de Rila 12 ans sans
mentir une grotte froide
puis 7 ans
un rocher nu pour lit
pour drap le
ciel résistant aux démons
&
à la beauté
des femmes de Rila