Au Monomotapa > Accueil

Le petit séminaire

(Flammarion, 2007)
 

Le petit séminaire rassemble de courtes proses autobiographiques. Trois lieux (Londres, la chambre, le jardin de l’Étang) témoignent pour trois époques. Les textes sont marouflés de brefs poèmes : voler l'éphémère...



Extraits

   



 

1
Détroit du nord
(La ville)

 

          (Les Mémoires)

Je veux aller modestement et épargner les circonstances. Si c’étaient des pérégrinations dans la Chine de Mao ou les attentats de la rue des Rosiers : mais importuner le siècle avec des contrats et le tumulte des chantiers… Qu’importent les dates et les lieux, la Chartreuse et les mathématiques, et ce qui s’en suivit, des galeries sous la mer et des ports en Afrique, et le mince lot de livres qui ballote dans mon havresac.

Si je regarde au-delà du détroit, si je dis je, que l’on ne dise pas : Je vous y prends... Ces engins qui comblent les marais, ce cimetière abandonné sur la Tamise, ce bourdon qui soulève un instant la poussière, ce n’est que le hasard en acte. Celui qui demain, saisi d’un désir lunatique, voudrait recomposer ma vie, épluchant ce maigre viatique, en tirerait-il deux vérités ?

J’avance en effaçant ma trace. Qui croit me suivre règle son compas sur les titubations de la lune. Je suis cet être aux yeux bandés, punaisé au mur au-dessus de ma table, qui erre dans un labyrinthe de chambres et de cours, la main ouverte devant lui, poursuivant en tâtonnant une ombre : lui-même peut-être, qu’il cherche vainement, le dos tourné à une mer livide à force de bleu et de lumière.

Mon modèle sera L’Illustre du soir de Paul Louis Rossi. Ma vie n’y sera qu’une esquisse, une forme sans amidon flottant sur la feuille. La lumière et les oiseaux du ciel y feront leur partie, avec celle qui est parfois et n’est souvent qu’une illusion. On ne sait qui a commencé, du peintre ou de la nature... Une liasse d’images coloriées avec quoi cartomancier le passé.

Ces saisons vives           qu’à peine
          tu as connues           oublie
pour encore           aimer
          oublie           la leçon
indiscrète           du passé...

Et quand je ne serai plus qu’un roman, une terre inconnue – la plus ordonnée du monde – déployée dans le soir, où une femme aux mains tachées de pigments passera sous un masque, ce sera beaucoup si l’on peut entrevoir ce miracle qui est l’objet de la peinture : que naisse de tout cela celui que l’on aurait pu être.


          (La mort)

Que la mort n’y entre pas. Ni la disparition d’Alice, enlevée par un ange à Vinay, au milieu des œillets et des pois, ni ce jeune homme qui s’effondre sous la falaise des Écouges, dans l’ombre du Vercors, le visage rongé par les hyposulfites, dont je porte le nom.

Ils mettaient un crâne au coin de leur pupitre, récitaient un psaume, les yeux fermés, le corps raidi devant la planche grossière qui demain les enfermerait, puis ils se jetaient sur leurs paperasses et sans la déguiser nommaient l’ultime compagne : leur gloire était de regarder sans ciller le peu d’os et de poudre qu’ils seraient bientôt.

Je n’ai pas leur vertu. J’ai fait ma cellule d’un rêve insistant. Je suis ce simple d’esprit, ce cheminot des premiers livres, ivre de vent et de mauvais vin, qui erre loin des tombes de sa parentèle, pillant les vergers, courtisant des femmes trop belles, se moquant qu’on le moque, le dernier des apprentis de Bashô : Les cigales vont mourir Mais leur cri n’en dit rien.

L’âge vient, je parcours encore le monde, la jambe boiteuse, les yeux brûlés, louant la lumière et la beauté. Tout m’enseigne, tout m’est contentement. Les collines de Richmond s’évaporent dans le soir : je touche du pied le ciel. Un faubourg ingrat loin du fleuve, enfermé dans le salpêtre : je consens. Une femme qui passe, défendue par un peu de couleur : c’est elle, sous ce visage étranger, c’est elle pourtant.

Demain, ayant épuisé les plaisirs, je me retirerai dans mon loculus. La mort n’y atteindra pas. Chaste comme un saint de Thulé, j’y louangerai l’hiver. Mais qu’une lueur traverse mon volet – un œil brûlant dans le ciel du nord ou une chevelure de glace – je bredouillerai encore un nom, qui peut-être sera mensonger et peut-être véritable. Telle qu’au premier jour où j’aperçus vos yeux...

En vain           a penché
          la lumière           et s’accroissent
les nombres           d’un geste
          aveugle           celle
de toujours           dans la nuit
          réinventer           ...


          (British Museum)

Leur lit est l’urne qui les renferme. Ils sont allongés sur le flanc, le buste dressé, un coude appuyé sur le dur oreiller, elle est devant lui, ses cheveux tressés en couronne sous un voile flottant, les yeux très grands – comme pour avaler en un instant le monde qui s’éloigne. Il regarde par-dessus son épaule, une assiette à la main où un œuf au plat est figé dans son or.

L’un fut enfermé d’abord sous la double effigie. À chaque anniversaire, l’autre est descendue au pied de la falaise, elle a lu au tympan du rocher l’inscription familière et a déverrouillé la porte de bois. Les premiers temps, un intense remugle se répandait alors, la repoussant sans compassion. Il a fait place peu à peu à ce fade relent de salpêtre et de cendres qu’elle aime à présent plus qu’un parfum.

La lumière tranche l’obscurité. Là-bas, accoudé dans un triangle ombreux, il a un bref instant cligné des yeux. Elle renouvelle les gâteaux et nettoie les armes, puis s’assied sur la banquette de craie, au bord du mur voûté.

Ce qu’elle regarde, ce n’est pas ce visage plat large comme deux paumes, aux oreilles décollées, aux yeux taillés dans des noix ; ce qu’elle entend, ce n’est pas la plainte éraillée qui s’échappait au dernier jour, si étrange dans ce corps massif, comme d’un enfant enfermé dans une statue d’argile. Elle se regarde telle qu’elle sera demain, elle écoute la poussière retomber sur sa tête.

Elle continuera pourtant à vivre là-haut, dans la lumière des collines, souffrant encore la canicule et le gel. Elle feindra d’allumer le feu, de remplir d’eau la bassine, de tordre le cou des poules. Les nuits de fin de printemps, elle sentira encore le désir la fendre. Ce ne sera qu’une dernière ruse, elle est déjà ici, dans la nuit perpétuelle, allongée près du cadavre de Chétré, sous la voûte où cinq étoiles la veillent, qui font tout l’alphabet :

Je pense à toi, un doigt sur le couvercle, traçant ton nom dans cette langue inversée, comme si tu n’étais plus. Je descends au fond de la combe épineuse, je trébuche sur les marches érodées, je te rejoins, un plat à barbe à la main, où roule l’œil d’un taureau qui me guide dans la nuit.

À genoux           dans les caves
          griffonnant           une épître
amoureuse           Chimère
          aux ailes           déployées
la plume           sur un traité
          d’une langue           disparue...



 

2
L'origine
(La chambre)

 

          (Le théâtre)

La lumière baisse. Le silence oscille comme une mer. C’est une cour nue découpée dans la nuit. Un maigre vent y fait imperceptiblement bouger des voiles. Une ombre blanche s’avance dans la pénombre, une voix murmure, que l’on ne comprend pas. C’est un chant mélancolique, une plainte.

Puis la lumière est droite. Une femme y titube, gonflée par un enfant monstrueux. Ses cheveux se répandent. Sa voix sonde un paradis hors d’atteinte. Je la vois se consumer, les yeux agrandis, la voix muable, immobile sur les planches, brûlant de cette flamme qui se nourrit du sang. Les gémissements, les louanges, les folles étreintes, écoutez : Que le jour recommence et que le jour finisse…

Elle suit les leçons d’un théâtre cruel. Rien n’y est donné, sinon dans les larmes et la souffrance. Elle ne sait pas feindre. Là est son orgueil. La Judée est un désert, elle en éprouve le vent brûlant, l’inanité des jours voile ses yeux. Elle se dessèche devant la mer vide, au sommet d’un palais abandonné. Que tant de mers me séparent de vous…

Ce n’était qu’un jeu – un jeu terrible. Une amie s’y ruinera, que nous verrons lentement se perdre, les yeux fixés dans le vide. Quoi si la réalité ne peut pas enfermer l’être, si une vérité plus puissante nous appelle, qui nous renverse au pied du pauvre monument de notre vie ? Il ne faut pas céder. Pas se donner à l’inconnu. Il faut écouter la rumeur de la rue qui filtre sous les portes. Regarder le soir bleuir dans la verrière au-dessus des cintres.

Elle n’était pas de celles qui savent se soustraire. Trop franche et trop légère. Ai-je dit : Arrête ? Ai-je été ce régisseur qui ferme le théâtre par crainte que l’héroïne ne succombe en scène ? Elle dit parfois : Autrefois... et je détourne les yeux.


          (6ème droite, porte )


O           que revienne
          le premier hiver           qui à peine
se souvient           verse-lui
          le thé brûlant           broie
sur ta planche           poudreuse
          les couleurs           ...


Peins l’ombre           peins
          la lumière           pinceaux
entre les dents           puissante
          comme           un dieu
peins la joie           lancinante...


Dans cet âge           où tout
          se glace           où n’est plus
la beauté           qu’une ombre
          dans les livres           peins l’âme
et le corps           à qui veut
          aimer           encore...


          (La chapelle des falaises)

Au fond des Cornoualles, errant sur les routes gelées dans la vieille Ami 6. L’hiver pénètre sous les vitres disjointes, le nez renifle, les mains rougies se cherchent par instants. Nous allons à l’aventure, engoncés dans des manteaux barbares – une pelisse aux longues fibres hérissées et une veste afghane brodée de couleurs vives. Sans la vapeur d'essence qui flotte dans l'habitacle, ce serait la terre inconnue des premiers missionnaires : un ciel aux eaux laiteuses, des collines usées comme des bornes miliaires, et la solitude bénie.

Un soir, au bout du désert, un bourg aux volets tirés. Et sur une pointe, à l’extrémité des landes, une vague ruine qui penche sur le vide. C’est le terme du voyage, la chapelle des falaises. Le ciel est à nos pieds. Il fait sombre, le vent balance les herbes, des oiseaux noirs tombent sur la mer. Un écureuil sautant d’ici Ne guérirait pas de sa mort...

C’est au milieu du conte. Tristran franchit d’un bond la ruelle qui sépare son lit de celui de la reine. Sa blessure s’ouvre dans l’effort, trois gouttes de sang tombent sur la farine qu’un traître a répandue entre les lits. Les amants sont pris et Tristran condamné au bûcher. Passant devant la chapelle, il demande à prier pour la rémission de ses péchés. Gode Sir pray ich... On le délie, il bondit sur l’autel, ouvre d’une main la fenêtre et saute dans le vide. Le vent s’engouffre dans ses habits et le porte sur la mer.

La nuit venue, dans une auberge de jeunesse livrée aux frimas et aux vents coulis, nous dormons au milieu d’étrangers, séparés par une cloison mince comme un souffle. À minuit, frissonnant dans mon lit glacé, je saute dans le sien par la pensée, franchissant le grésil répandu entre nous : Ni vous sans moi Ni moi sans vous...


          (Les louanges)

Ils élèvent des temples. Ils dressent des autels où ils font la nuit brûler des parfums. Ils prient et ils macèrent. Ils écrivent sur des feuilles légères que la plume déchire. Ils louent, ils se blessent, ils invoquent le vent et la fumée. Elle reste distante. Ils lui donnent des noms inconnus des états-civils et la flattent sous un masque emprunté. Elle se moque mais les laisse espérer. Ils se plaignent : Qui va plutôt que la fumée... Elle les console et s’échappe aussitôt. Plutôt que la flamme, le vent ? Ils en remplissent des livres, répétés de siècle en siècle. Plutôt que le vent, c’est la femme...

Puis ils brûlent tout, les Stances à l’inconstance et la Défense de l’infini. Ils loueront désormais un visage imparfait et un nom ordinaire. Elle ne sera qu’elle-même, fragile et changeante, non plus cette statue de sel à l’implacable beauté, mais soumise au feu des années, lourde et fertile, protectrice, grisonnante : Juliette, Mathilde, Elsa... Ils remontent longuement le courant qui pourtant les emporte, regardant sans frémir le ciel qui s’assombrit. Puis leur vœu n’est plus que d’une tombe, une pierre sous un bouquet d’arbres où leurs noms se confondent :

Dormir du sommeil de tes bras
Dans le pays sans nom sans éveil et sans rêves
...

Je n’ai pas brûlé ce qui n’était pas elle. Et longtemps, feignant d’aimer un être plus parfait, je l’ai louée sous des noms frauduleux. Mais les années qui éliment les corps et gâtent les pages, les années ont passé sans nous user. Nous suivons sans nous hausser la trace de ceux qui ont fait tant de bruit. Nous disons parfois leur nom, nous venons parfois écouter sur leur tombe les oiseaux se plaindre et le vent frotter sa corde dans les branches. Nous les envions, comme d’autres, peut-être, nous envieront un jour, rêvant à leur tour devant le lieu de nous où toute chose se dénoue...



 

3
Au Monomotapa
(Le jardin)

 

          (La Chine)

C’est un cercle de collines couronnées de forêts. On devine au loin, entre les bambous et les cerisiers, leur cime molle qui s’évapore dans un lavis gris-bleu. Les nuages s’étagent au-dessus, comme les montagnes perdues où courait le Mara. Plus bas sur la pente, au milieu des cèdres de l’Himalaya, un toit effondré.

Nous sommes seuls dans notre ermitage. Le soir vient sans oiseaux et sans mouches, un brouillard léger qui monte de la combe et fait vibrer les formes. Entre les arbres, parfois, l’aboi d’un chien ou une plainte inarticulée dont nous frissonnons sans raison – un voyageur blessé, ou le cri d’un singe ? Une rumeur gonfle et s’éteint dans le vent d’ouest – l’autoroute, ou le grondement d’un torrent dévalant les rochers ? Un instant, malgré la fatigue et la jambe claudicante, un instant si loin.


Les montagnes bleues           inutile
          suivre           le long Kiang
ensemble           à la brume
          sur la terrasse           du sud...


Le civet de lièvre fini avec les doigts, ayant atteint la lie au fond du verre, je m’avance dans la nuit, le corps lourd et l’esprit flottant. Une lune morte glisse entre les fils télégraphiques. J’y cherche le lapin vivant qu’un soir d’ivresse, ayant gravi la colline, y avait découvert notre consul – jurant et exultant, dressé sur ses sandales de bois au fond de l’Orient.

La colline vacille, c’est une barque sombre penchant au ras du ciel. Je tends la main vers le miroir terni qui dérive sur l’eau, ridé par un vent léger, et vacillant au milieu des signes j’y déchiffre une étrange figure. Se peut-il que me soit accordé plus qu’au Shigin Taïshi ? Que nul ne me dise : C’est le vin ! si j’y vois le visage d’un noyé qui regrette et se plaint.


…là-bas           flottant
          dans les roseaux           une lune
si pur           qu’on y lit
          l’épitaphe           de Li
Po           ...


          (Le gui)

Un matin de décembre elle traîne la double échelle au pied d’un aubépin. Les herbes à l’abandon mouillent ses chevilles nues, les nuages flottent dans les arbres. L’échelle dépliée en grinçant, appuyée à une branche folle, elle gravit de biais les échelons glissants. Le vent par instants fait pleuvoir les grands arbres, l’échelle oscille et se dérobe. Là-haut, inaccessible, le gui chevelu, ses centaines d’yeux globuleux luisant sur de minces rameaux, traître et tentateur comme la chevelure de la Méduse.

N’était-ce pas déjà dans le poème ? Je cherche en vain le livre. Elle n’a pas remis sur l’étagère, à sa lettre, le volume éventré par la fréquentation, une liasse de pages volantes sous un reste de couverture, comme autant de recettes pour apprêter le monde.

Elle est sur le dernier échelon, une main accrochée aux branches noires, un bras tendu vers le trésor argenté qui irradie dans l’ombre. L’arracher à pleine main, sans souci d’en préserver la fragile arborescence, glisser plus que descendre vers la terre ferme et rentrer en courant, comme après un sombre forfait, en laissant l’échelle ballotter à chaque souffle du vent, c’est l’affaire d’un instant.

Je me souviens d’un rameau caché dans les feuillages d’un arbre touffu, au bord d’un précipice que l’on dévalait sans retour, sauf à porter devant soi ce léger viatique. Est-ce dans sa manière ?

L’enfer, ce sera aujourd’hui une salle de classe où trente adolescents arracheront un brin au bouquet glauque en écoutant célébrer d’une oreille distraite le mimosa nordique. Un rameau fendu, deux boules blanches sous une courte pousse, leur seront l’occasion d’inépuisables métaphores. L’esprit transfuse malignement.

En était-il si éloigné ? Car six mois plus tard, tandis que d’autres dépouilleront un bouquet d’œillets roses, la même voix célèbrera la culotte d’une fille jeune déchirée à belles dents...


          (La règle)

Je suis à Port-Royal dans le bureau de Pierre Nicole. Au-dessous, le verger se couvre d’un duvet blanc-rosé. Les oiseaux y pépient sur les branches flexibles. Pommiers en palmettes, bouquets d’iris, cassissiers... Le pinceau du soleil colorie les formes, précis et délicat comme celui d’un naturaliste.

Entre les murs palissés est un microcosme où les éléments s’offrent purs de toute disgrâce : la qualité s’augmente du peu de quantité. Un vent grêle fait frissonner les feuilles – celui qui brasse le sommet des forêts. Et l’être qui chante sur la vigne est frère de celui qui regarde, appuyé à l’allège de sa fenêtre.

Les chartreux eux aussi, tout nourris de prière et de silence, ont chacun leur enclos où condenser le monde. Fleurs brunes sous la neige, fruits graineux, légumes dentelés s’épousent dans des carrés de planches, au pied de trois murs que le regard ne peut passer. Retourner la terre. Chasser la pensée. Apprendre et admirer. Travail de la main gauche, que la droite poursuivra à la tombée du jour, serrant un crayon à la pointe mouillée.


L’équerre           tout le jour
          d’un jardin sauvage           rectifier
la création           puis un mètre
          court           mesurer
dans la nuit           le Grand Tout...


Je suis à Port-Royal dans le bureau d’Angélique Arnault. Derrière moi, pendue au mur, une peinture aux gris austères où une femme sans âge regarde le monde s’apaiser dans le rectangle de la fenêtre. Où porte son regard, je vois les contours se mêler et se recomposer le chaos originel. Chemins boueux, prés penchés, labyrinthes touffus où l’œil que n’aiguise pas la grâce ne sait plus rien saisir – ni ce qui l’enchantait ni ce qui l’enseignait.




Critiques

Le Matricule des anges (mai 2008)

...Il décline, à l'imparfait d'un temps révolu, un art d'écrire à des souvenirs d'un autre siècle. Et peu à peu, c'est une sorte de grammaire d'un art d'aimer qui prend forme (...). Menant le deuil de la splendeur passée, alliant pauses et ellipses aux mots qui scrutent, interrogent, mesurent, l'écriture participe de l'élan amoureux d'une parole qui tente de reconduire au vivant les rythmes et les figures du désir. Des premiers temps de l'amour qu'accompagnait la cloche du petit séminaire à aujourd'hui, c'est à une tentative d'hypnose de ce qui reste vivant que se livre Gérard Cartier. Avec l'intelligence du cœur et un sens vrai de l'affect.       Richard Blin (Le Matricule des anges - mai 2008)

 
Europe n°949 (mai 2008)

Nous avons ici, un essai original de Mémoires qui ne touchent à l'autobiographie qu'en la frôlant (« Qu'importent les dates et les lieux (...) J'avance en effaçant ma trace »), avec une écriture elle aussi nouvelle. (...) On ne pourrait trouver plus belle réhabilitation de cette écriture qui semblait si menacée dans la première partie : elle transforme désormais tout ce qui fut perdu, en l'englobant dans la magie de l'imaginaire. Voilà vraiment un livre d'expérience profonde, un art poétique à retenir.       Marie-Claire Bancquart (Europe n°949 - mai 2008 ; repris dans Entre marge et présence, Henry, sept. 2009)

 
Chroniques (avril 2008)

La poésie française semble en mal d’un souffle nouveau. Mais encore faut-il observer de près ce qu’elle nous offre. (...) Gérard Cartier procède à un dialogue très sophistiqué entre des récits en prose et des moments versifiés. La perspective qu’il a choisie est celle d’une interrogation saturée de doutes sur le réel et sa représentation. Avec l’entêtante présence de la nature et la vision nostalgique de la culture anglaise traduite dans la réalité de la ville. C’est intense et prenant.       Gérard-Georges Lemaire (Chroniques - avril 2008)

 
Europe n°947 (mars 2008)

C'est le poème en prose qui commande la narration, une authentique narration, tenue comme un journal intime, trouée par des inclusions de vers transparents et denses comme des tessons de haïkus. (...) La description est en l'occurrence comme un hévéa qui libère la sève, la poésie, prise au pied de la lettre, au cœur de l'être. Gérard Cartier en appelle à Démocrite, à Lucrèce : "Une poésie qui perçait l'opacité du monde". (...) Le Petit Séminaire s'ouvre en grand sur les jardins de l'univers, les visibles et les cachés, et c'est par leur foisonnement que l'écriture si juste du poète nous touche à vif, comme si chaque mot se faisait l'épiphanie d'un nouveau savoir.       Charles Dobzynski (Europe n°947 - mars 2008)

 
 INpact Virtuel (déc. 2007)

Intime sans extrême, ce recueil de poèmes possède un souffle épique, alternant méditation sereine et réflexion inquiète. Des paysages intérieurs se suspendent à l'esprit et ne se décrochent plus. Du beau.       Gizmo (INpact Virtuel - déc. 2007)

 
 Le petit séminaire

...Méditation tendue, tour à tour sereine et inquiète, sur l'invisible nécessité du poème en des « temps de détresse » – et sur l'art d'écrire, aussi bien, à l'ombre d'un héritage intemporel – l'ouvrage ne ravive des formes anciennes que pour mieux en capter la manière noire, les réinscrire dans le siècle. (...) Les paysages intérieurs qui naissent de ces pages, comme autant de croquis suspendus, dessinent une sorte d'art poétique : mais aussi une méthode, un autre regard porté sur le monde que le langage réinvente - et qu'il nous pousse à envisager autrement...       Yves di Manno (Fiche de presse - nov. 2007)

 

Haut de page