Au Monomotapa > Accueil
 
Cabinet de société (Henry, 2011)

Le banquet des philosophes

(Les Lumières)

Est-il perdu cet art que savaient les Anciens
Inventant le monde sur des lits de pourpre

La main dans les plats et les lèvres luisantes
Foies gras pâtés de roses vulves de truie

Tant d’audacieux traités nourris par Apicius
De décrets enfantés par les vins miellés

La langue assez a gourmandé le corps
Qu’elle soit pour lui désormais gourmandée

Aimons la raison mais non en jacobins
Dont sauces ni vins ne maculaient l’habit

Que la dialectique est le règne des maigres
Ce n’est qu’un complot pour entraver l’esprit

Au diable l’abstinence et les macérations
La pensée qui jeûne est impuissante

Fontenelle enseignant l’astronomie aux belles
Doit au porc son génie plus qu’à la Faculté

L’esprit le plus sec régalé de chair cuite
Et de vins clairets refonderait le monde

Vive donc les Lumières et l’Encyclopédie
S’ils font meilleurs la caillebotte et le beurre

Faisons frairie de tout célébrons la nature
Accroissons-nous par des passions nombreuses

Et sur les pas des généraux de Bonaparte
Chassant la famine et les bonnets carrés

Répandons avec audace la philosophie
Un ortolan dans la joue mouillé d’armagnac

Et sur les genoux une beauté vermeille
Peignée à la diable…
 



Haut de page