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La guerre d'Irak, 2003


Le loup et les mouches

Des peuples vivaient encore au Monomotapa
Abandonnés dans le désert Ne possédant
Rien qui à leur raïs n’appartînt Louant un dieu
À barbe de taureau Leur puits la soif Leurs enfants
De maigres mouches accrochées aux murs
Un terrible soleil y tournait sous le fouet
Plus haut grondaient d’aveugles machines
Qu’une bête querelleuse guidait de loin
Cherchant parmi les ruines la brèche où pénétrer :
Car sous ces sables nus des forêts pétrifiées
Sécrétaient un suc noir que son alchimie
Voyait déjà changé en or et en bons
Du Trésor Les amours d’en-bas les tourments
Embarrassaient à peine sa cupidité À peine
Les femmes sèches les poupées de chiffon
Et les bergers boiteux Tous les livres
Les savoirs finiraient dans un oxymoron
Où la force et le droit s’échangeant sans vergogne
Moqueraient la morale qu’avaient autrefois
Enseignée nos maîtres – nos fables de ce temps
Valent bien les leurs…


              in 101 poèmes contre la guerre (Le Temps des Cerises, avril 2003)


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