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La grand mangement
(Obsidiane, mai 201_)
Canard au sang
Soit un canard gros et gras de Barbarie Saignez-le vous-même entre les genoux Une lame longue et mince à la carotide Et un grand bol de ménage ces volailles Ont plus de sang que d’esprit serrez-le bien Qu’il ne s’envole pas le couteau dans la gorge Plumez à volonté pendant qu’il est chaud Tirez le foie la moelle battez le sang Deux fourchettes dos à dos comme Yseut Et Tristan sur leur lit de feuillages Jusqu’à ce qu’il mousse abondamment Et exhale l’âme dont il était gorgé Le reste n’est rien travail de femme Mais servez-le vous-même à la Frédéric1
Pour l’accompagner, Gigondas, Cahors, Nero d’Avola, tout vin noir convient ; mais éviter le Sangre de Toro – pléonasme.
1
Frédéric Delair, maître d’hôtel de La Tour d’Argent, découpait le
canard puis extrayait le jus de la carcasse à la presse, selon un
strict rituel, le tout en redingote devant ses clients.
Gérard
Cartier, mai 2018
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